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“Watcher” : It watches

Le travail du son comme la froideur de l’image ajoutent à l’austérité du film.

Premier long-métrage de la réalisatrice de films d’horreur américaine Chloe Okuno, “Watcher” met en scène l’héroïne du très remarqué “It Follows” (2014), Maika Monroe. Cette dernière incarne ici une jeune femme, fraîchement installée en Roumanie avec son mari (Karl Glusman), qui suspecte une personne de l’immeuble d’en face de l’épier tandis qu’un tueur en série rôde dans les rues de Bucarest.

Ce thriller paranoïaque vaut qu’on s’y intéresse. Présenté au Festival du Cinéma Américain de Deauville 2022 et au Festival International du Film Fantastique de Gerardmer 2023, “Watcher” est un film maîtrisé. En somme plutôt classique avec ce récit d’une femme isolée dans un pays étranger qui ne trouve pas sa place et qui, livrée à elle-même, se croit en danger. C’est le cas typique de la femme incomprise par son entourage, que l’on pense “devenir folle”, irrationnelle dans ses propos et qui subit son nouvel environnement. Et c’est sur ce point de vue là que la cinéaste Chloe Okuno s’appuie pour créer cette ambiance pesante, ce sentiment d’isolement que vit la protagoniste. Toujours isolée dans le cadre de l’image, dans cet appartement froid, on vit les événements à travers son regard et ses faits et gestes, elle est mise en scène (ces fenêtres géantes qu’elle met un peu trop de temps à cacher à notre avis) jusque dans les dialogues en roumain que ni elle ni nous ne comprenons. Mais Okuno ne s’arrête pas là et nous sort de ce huis-clos à la “Fenêtre sur Cour” de Hitchcock. Elle nous emmène au cœur de la ville de Bucarest qui devient le théâtre des angoisses de Julia (Monroe) dans lequel elle continue de se sentir observée et pourchassée. Le travail du son comme la froideur de l’image ajoutent à l’austérité de la ville et au suspens de certaines séquences (notamment celle du supermarché et du cinéma).

Toute cette montée en tension nous conduit tout droit vers un final terrifiant et un dernier plan parfait dans l’unique but de dire : il faut croire la parole des femmes. Cette constante remise en question dans notre société des propos émis par les femmes, peu importe le sujet ou le contexte, mène à des drames. Et dans ce sous-texte là, le film est fort et délivre parfaitement son message. Une scène en particulier nous a marqué. Le personnage de Julie échange avec sa voisine de palier Irina (Madalina Anea) sur ses suspicions d’être poursuivie par un tueur en série. Ce à quoi Irina lui demande si elle préfère vivre avec ce doute ou mourir avec les mots “je te l’avais dit” aux bords des lèvres. Se taire et vivre ou parler et mourir. Le scénario est vraiment bien écrit par Okuno qui connaît son sujet et adopte un point de vue féministe et aussi réaliste que possible. La cruauté dans “Watcher” est bien celle de notre monde. On a là un thriller aussi bien ficelé qu’interprété. Maika Monroe est formidable et Karl Glusman est bon en tant que mari aimant mais absent. Mais qui dit bon thriller dit bon antagoniste. Burn Gorman excelle dans ce rôle mutique et inquiétant – on pense encore à la scène du métro.

On ne peut que recommander “Watcher” de Chloe Okuno qui nous a happés de bout en bout. Sortie direct en dvd, blu-ray & vod le 12 avril.

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