Nous sommes ravis de voir le film de Dominik Moll repartir avec pas moins de 6 César dont celui du Meilleur Film, du Meilleur Scénario Adapté et du Meilleur Espoir Masculin pour l’acteur Bastien Bouillon entre autres. « La Nuit du 12 » c’est un thriller saisissant sur une enquête judiciaire, un féminicide inspiré de faits réels.
La caméra suit Yohann (Bouillon), Marceau (Bouli Lanners, lauréat du Meilleur Second Rôle Masculin) et leurs collègues à la police judiciaire de Grenoble. Une jeune fille, Clara, est brûlée vive alors qu’elle rentrait chez elle une nuit. Le pitch est simple, le fait terrifiant. Dominik Moll ne nous épargne ni la dureté de la scène de crime ni le désespoir de ces enquêteurs face à une affaire épineuse et qui restera, malheureusement, non résolue. C’est le postulat de départ : « en France, plus de 20% des enquêtes ne sont pas résolues ». En plus de parler d’un sujet difficile, « La Nuit du 12 » traite des féminicides. Un thème hautement d’actualité tant la violence faite aux femmes augmente de plus en plus et la société (police, justice) ne parvient pas à l’endiguer. Trop souvent, les femmes ne sont pas entendues. Trop souvent, elles ne sont pas vues. Trop souvent, elles avaient déjà alerté. Trop souvent, les coupables sont récidivistes. Ce long-métrage est important pour nous rappeler que l’inégalité homme/femme est plus que jamais ancrée dans notre monde.
Le film est composé majoritairement d’un casting masculin et permet de mettre en avant les comportements et les interactions de ces hommes face au féminicide et à leur rapport aux femmes. On a Yohann, notre inspecteur mutique qui intériorise tout, il nous rappelle ces justiciers solitaires qui n’abandonnent pas. On a Marceau, son bras droit, qui laisse ses émotions prendre le dessus et se fait quitter par sa femme. Et puis, on a les autres collègues et tous ensemble ils créent cet environnement masculin, machiste, misogyne voire toxique. Leurs insultes qui s’envoient entre eux pour « rire » sont évidemment des insultes faites aux femmes. Et tous ces comportements sont mis en parallèle avec leurs potentiels suspects qu’ils rencontrent tout au long du film – pas mieux qu’eux, encore plus détestables. De victime, la femme devient coupable. « Elle l’avait cherché. »
« La Nuit du 12 » est une œuvre coup de poing à voir. Avec sobriété et totale maîtrise, il nous dépeint cette enquête prenante et effrayante. On terminera cette critique comme le réalisateur durant la cérémonie des César : la vraie victime, dont s’inspire le film, s’appelait Maud. Il faut dire leur nom, à toutes ces femmes lâchement assassinées.