Le réalisateur japonais s’évade encore. Après la France et le film « La Vérité », Kore-eda fait une étape en Corée du Sud pour nous livrer un très beau film, délicat et terriblement émouvant sur la famille en partant des surprenantes boîtes à bébé coréennes.
« Les bonnes étoiles » : sublime road-trip
Y a-t-il plus grand réalisateur pour nous parler de famille (de sang ou non) que Kore-eda ? Pas si sûr. Au fil d’une filmographie qu’il peaufine, qu’il travaille et qu’il mène vers l’épure, le réalisateur japonais se sublime. Sa dernière oeuvre est exceptionnelle, brutale et émouvante. « Les bonnes étoiles » tire sa force de pitch de départ : « à Busans, en Corée du Sud, par une nuit pluvieuse, une jeune femme abandonne son bébé dans une « boîte à bébé » d’une église. Il est récupéré illégalement par deux hommes, bien décidés à lui trouver une nouvelle famille moyennant quelques millions de wons. Mais c’était sans compter sur deux inspectrices qui les surveillent« . Le talent de conteur du cinéaste japonais est tel qu’il s’empare d’une situation sociale qui lui est étrangère pour la faire sienne. Ici, Kore-eda nous parle de l’adoption, de la maternité, du désir d’enfant, des relations parents-enfants avec un tact élégant et une simplicité désarmante. Au travers du périple mouvementé d’une famille (non liée par le sang) composée de criminels, à travers la Corée, avec pour but de vendre un bébé à un couple en mal d’enfant, le cinéaste nous secoue. Il nous pousse à aimer des personnages plus complexes qu’il n’y paraît, plus torturés que prévu, plus humains qu’attendu.
La caméra, toujours sensible, au plus près des visages des personnages, pour capter les moindres variations d’émotions des acteurs (ici formidable Song Kang-ho (prix d’interprétation au festival de Cannes 2022) et la chanteuse de Kpop IU) virevolte tout au long de ce road trip pas aussi léger qu’il le laisse transparaître de prime abord. En dynamitant les attentes de son scénario jamais larmoyant (toujours plus complexe mais à la narration fluide), offrant des scènes dialoguées à la perfection et une direction d’acteurs tenue de main de maître, Kore-eda livre là un très beau film. Un grand film.
« Les bonnes étoiles » : Kore-eda au firmament de son art
S’il est loin de ses premières oeuvres, Kore-eda continue de se sublimer et qu’importe si son cinéma a l’air plus populaire au fil de sa filmographie. C’est clairement un trompe-l’oeil, il est toujours aussi exigent mais parsemé de plus d’humour, de simplicité, de lumière. « Les bonnes étoiles« en la preuve ultime. La famille composée de Sang-heyon, So-young, Dong-soo, Woo-sung et Hea-jin, même le temps d’un voyage en fourgonnette cassée, redistribue les cartes des sacro-saintes valeurs familiales et nous prouve qu’avec cette aventure coréenne lumineuse, le scénariste et réalisateur peut faire du grand cinéma sociale émouvant, universel et d’une délicatesse à tout épreuve. Kore-eda est vraiment au sommet de son art. A The Spectators, on ne peut que vous inviter à vous précipiter dans les salles de cinéma pour voir ce très beau film avant qu’il ne soit trop tard.
2 réponses sur « « Les bonnes étoiles », Kore-eda brille de mille feux ! »
[…] est partout en ce moment, au cinéma avec le très beau « Les Bonnes Etoiles », et sur votre petit écran aussi. Le réalisateur japonais vient de dévoiler, sur Netflix, sa […]
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[…] Cannes en mai prochain. Wes Anderson, Kore-Eda Hirokazu (dont on a adoré ses dernières oeuvres, film et série), Nani Moretti ou encore Ken Loach reviendront sur la Croisette défendre leur film. […]
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