Premier long-métrage de l’acteur, et maintenant réalisateur, français Stéphane Freiss, « Tu Choisiras la Vie » suit une jeune femme Esther (Lou de Laâge) avec sa famille juive ultra-orthodoxe qui voyagent dans la région des Pouilles en Italie pour la récolte des fruits bénis, les cédrats. Elle y rencontrera Elio (Riccardo Scamarcio) le propriétaire de la ferme. Une œuvre touchante et personnelle au cinéma le 25 janvier.

Stéphane Freiss signe un premier film intelligent sur la religion juive orthodoxe et la place de ses dogmes dans la vie quotidienne sans pour autant que celui-ci ne devienne un film religieux ni le thème prédominant. La religion est ici un contexte, un environnement pour notre protagoniste, Esther, qui souhaite s’en libérer. Avec beaucoup de subtilité, le cinéaste nous dépeint le poids à porter d’une telle éducation pour les femmes, notamment. Au travers d’un regard plein d’envies mais aussi de détresse et de peur, Lou de Laâge est formidable. On l’avait découvert dans « Respire » de Mélanie Laurent dans lequel elle interprétait déjà ce rôle complexe aux multiples facettes. Son visage est expressif, à la fois très belle et fragile puis fort d’un caractère qui lui permet de se révolter et de choisir « la vie ». On pense à cette séquence puissante où elle pleure en serrant fort la robe d’été qu’elle ne pourra jamais porter.
Cette œuvre traite « de deux personnes esclaves de leur héritage », désigné comme tel par Freiss. Elio est tout autant un personnage prisonnier de son passé. Voulant à tout prix garder la ferme familial pour faire honneur à son père et à la promesse qu’il a faite, il s’enterre lentement dans son Italie natale loin de sa propre famille. Riccardo Scamarcia, que l’on a notamment aperçu dans « John Wick 2 » à une forte prestance et parvient également à nous délivrer un jeu tout en finesse. Avec Esther, ils vont ensemble prendre conscience qu’ils ne peuvent plus continuer comme ça, que le changement est inéluctable. « Aucun choix ne peut résister à l’usure du temps », Stéphane Freiss.

Ce thème très fort de la liberté, du renouveau se ressent complètement dans la mise en scène. L’Italie offre ses paysages enchanteurs et une lumière éclatante. L’un des points forts du film est sa photo lumineuse qui crée un contraste évident avec le quotidien terne des personnages, les tenues sans vie des femmes dans la famille juive. Toute l’histoire confronte la vie austère subie et la joie de vivre des italiens sans pour autant condamner la religion. Le point de vue adopté est celui d’Esther et Freiss a côtoyé de près cette religion (sa mère était elle-même pratiquante). On sent une envie de retranscrire le plus sincèrement possible ce qu’il s’y passe. Un toucher de main interdit, un regard en coin, un cadre qui sépare physiquement Esther et Elio mais qui va progressivement les rapprocher l’un de l’autre. La caméra capte les petits détails qui en disent long et c’est beau.
« Tu Choisiras la Vie » porte un message d’espoir et alerte sur les conditions de vie des femmes qui, si elles s’émancipent, se retrouve bien souvent sans famille, sans éducation, sans rien. Mais c’est le prix qu’elles sont prêtes à payer pour pouvoir vivre leur vie. À voir dans les salles le 25 janvier.
Une réponse sur « « Tu Choisiras la Vie » : une œuvre lumineuse »
[…] aux choix esthétiques forts porté par le charismatique Riccardo Scamarcio (vu récemment dans “Tu Choisiras La Vie”) mais aussi nos acteurs français Louis Garrel et Isabelle Huppert. Découverte […]
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