« The Good Fight » ou ne jamais arrêter le combat

Dire adieu n’est jamais facile et encore moins quand la relation est longue. Diane Lockhart nous quitte après 13 ans de bons loyaux et services dont 6 saisons de « The Good Fight ». The Spectators vous recommande de découvrir l’une des plus grands séries du XXIe siècle entre deux crises de larmes.

« The Good Fight » : les années Trump chroniquées avec intelligence par des King

Robert et Michelle King, Dieux Tout-Puissants, ont créé « The Good Wife » (et « BrainDead » et « Evil ») et ils aimaient tellement leurs personnages, l’univers judiciaire et politique de leur série qu’ils ont créé dans la foulée « The Good Fight« . Et ils ont bien fait. La série, libérée du network CBS, a été le fer de lance d’une nouvelle plateforme, CBS All Access (aujourd’hui Paramount+), permettant aux scénaristes d’oser, de laisser libre court à leurs imaginations et de provoquer la discussion et le débat et de réveiller les neurones. C’est ainsi que Diane Lockhart, exceptionnelle Christine Baranski, a eu le droit de vivre 6 saisons de plus, à la tête de sa propre série et de chroniquer une Amérique plongée dans le trumpisme. Il faut dire qu’elle, la Démocrate convaincue, fervent soutien de Hillary Clinton, va mal vivre l’arrivée du chaos et de la stupidité, de la beauferie dangereuse et tueuse et de la post-vérité au sommet de l’Etat.

Les King ont écrit lors de 6 saisons fabuleuses les outrances, les ignorances, les folies, les dangers d’une Amérique divisée, fracturée avec l’intelligence qu’on leur connaît. Lentement mais sûrement, ils ont dressé le portrait d’un monde qui change (pas pour le meilleur) grâce à des personnages forts se questionnant, se remettant en cause et se disputant sur tous les sujets (racisme, antisémitisme, humour, politique, activisme, féminisme, croyance…). « The Good Fight » a offert aux fans, aux spectateurs et aux futurs sériephiles qui la commenceront après ses lignes une oeuvre riche, engagée, passionnante. « The Good Fight » est la série de son temps comme aucune autre ne l’est ne l’a été à la télévision US. Elle a su capter les failles d’un monde, les tourments d’un pays, les errements de ses personnages. C’est clairement un bijou d’écriture (une constante chez les King sur toutes leurs séries), gagnant en qualité de saison en saison alors que le monde s’écroule dans les dernières heures du mandat Trump et des conséquences qu’il a laissé dans la politique américaine après sa défaite (car oui, il a bien perdu les élections de 2020 quoiqu’il en dise).

« The Good Fight » : la fin n’est que le commencement…

ATTENTION (un peu de) SPOILERS.
C’est l’histoire d’une boucle. C’est l’histoire qui se répète et qui nous rappelle que si le monde ne tourne pas rond, il tourne en rond. Dans un dernier geste, dans son series finale, le 10e épisode de sa saison 6, « The Good Fight » a annoncé la candidature de Trump avant lui et nous a montré avec une acuité exceptionnelle les prochains tourments qui vont s’abattre sur la politique américaine avec la lutte fraticide avec Ron DeSantis… Bref, « The Good Fight » a joué l’oracle et ne s’est pas trompé. Mais l’essentiel n’est pas là : si Diane, Marissa, Jay, Ri’Chard, Julius, Liz et les autres nous abandonnent dans un monde qui ne fait pas/plus sens, la série nous rappelle (encore) qu’il ne faut arrêter de se battre contre le racisme, l’antisémitisme, pour le féminisme, pour nos droits les plus basiques, pour la démocratie, pour ne pas se perdre… Les personnages l’ont bien compris et comme Diane, il est impossible de penser à la retraite tant il est vital de s’engager pour défendre ses idéaux.

Mais attention, ici, dans cette saison 6, pas de manichéisme niais mais plutôt un beau pragmatisme à toute épreuve se rappelle à nous. Il ne faut pas arrêter de se battre avec force (et humour), il faut défendre coûte que coûte ces valeurs humanistes et humaines, sans cesse attaquées, qui font que nous pouvons vivre en démocratie. Et ce n’est pas qu’une question américaine. France, lève-toi et bats-toi. Et si tu as besoin de trouver du courage, sache que tu peux le puiser dans la force, la drôlerie, l’intelligence et la beauté des personnages de « The Good Fight« . Tu ne trouveras pas meilleurs modèles pour t’inspirer et pour livrer ton meilleur combat !

« The Good Fight », saison 6, dès le 4 décembre sur Téva. Les premières saisons de cette série (dont on n’a pas besoin de voir la série mère « The Good Wife » pour la suivre) sont sur Prime Video.

Et si vous voulez entendre des critiques élogieuses sur la série, The Spectators vous invite à écouter le podcast Serial Causeurs :