Lauréate du prix de la Meilleure Interprétation Féminine à la Mostra de Venise 2022 et de la Meilleure Actrice aux Golden Globes 2023, Cate Blanchett est à nouveau nommée dans la catégorie Meilleure actrice à la cérémonie des Oscars qui se déroulera le 12 mars. Tout-est-mérité ! « TÁR », du réalisateur américain Todd Field, offre un énième grand rôle à l’australienne et, pour une énième fois, elle brille de mille feux. Un film écrit pour elle.

Lydia Tár est une compositrice et cheffe d’orchestre de renom qui a travaillé dur pour obtenir un statut dans le secteur prisé de la musique classique et ainsi diriger la philharmonie de Berlin. Jeux de pouvoir, coups bas et scandales sont au programme de « Tár » dont la protagoniste voit sa vie lentement basculée du rêve au cauchemar. Todd field, à la fois derrière le scénario et derrière la caméra, le dit : il a écrit le personnage de Lydia Tár pour Cate Blanchett. Et on le comprend. Qu’est-ce que Cate Blanchett ne sait pas faire ? Avec une filmographie aussi éclectique que possible en 30 ans de carrière, elle a tourné avec les plus grands et ses choix de rôles sont toujours bien pensés, surprenants et marquants. Elle délivre ici une interprétation magistrale, à la fois dans la retenue, avec un regard si expressif, mais dans lequel on décèle son grain de folie. Une véritable bombe à retardement qui, dépassée par son temps et accablée par ses fautes, est sur le point d’exploser.
Un personnage très complexe, pour lequel elle délivre des monologues difficiles et des émotions variées, qu’on découvre au fur et à mesure que le récit se développe. Que dire de cet incroyable plan-séquence dans l’amphithéâtre qui nous laisse purement sans voix. On est chamboulé. Le spectateur passe de l’admiration à l’empathie, puis du doute à la suspicion pour finir par de la peur voire de l’effroi. Toutes ces facettes en font une figure très intéressante, qu’on a envie de décortiquer et d’analyser. Todd Field prend ce temps-là. Son film contemple et expose, il tourne complètement autour de la compositrice et de ses relations personnelles et nous en dépeint toute sa psychologie. On a une idée précise de son travail, de son environnement professionnel très austère et vieille école. Car la musique classique, tout comme la philharmonie, est une institution dans laquelle il est très difficile de se faire une place. Tout cela se retrouve dans la mise en scène de Field, cadrée et réglée comme du papier à musique, et dans la photographie de Florian Hoffmeister, aux tons particulièrement grisâtres et ternes.

Cependant, c’est bien entendu l’utilisation des sons et de la musique qui instaurent une ambiance pesante, presque fantastique, dans le quotidien de Lydia Tár. À l’instar de la Symphonie de Mahler qui est répétée à de nombreux reprises, on trouve dans le long-métrage une récurrence de certains sons, de certaines notes de musiques, qui viennent questionner notre rapport au réel, à ce que on voit. On glisse lentement avec la protagoniste vers une chute et un déclin inéluctable, au fil de ses tourments. On ne serait pas étonné de voir Cate Blanchett repartir avec l’Oscar de la Meilleure Actrice… qui a de la chance d’avoir pour partenaires de jeu des acteurs de choix : notre trésor national Noémie Merlant, Nina Hoss, Mark Strong et Sophie Kauer.
“Tár” du cinéaste américain Todd Field, c’est déjà en salle depuis le 25 janvier et dispose de nombreux atouts pour vous plaire. Musique, Maestro !