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« Un Parfait Inconnu » de James Mangold : Le Roi du Folk’n’Roll

Un Parfait Inconnu (ou A Complete Unknown), réalisé par James Mangold, suit les traces d’un Bob Dylan jeune et plein de fougue de sa révélation en 1961 au fameux concert de juillet 65 lors du Newport Folk Festival qui sera un tournant dans la carrière de l’artiste. L’acteur franco-américain Timothée Chalamet incarne avec brio cette figure iconique de la nouvelle scène folk américaine. À ses côtés, un casting d’exception s’entrecroise dans un film qui s’étale malheureusement un peu trop. Au cinéma le 29 janvier.

Synopsis : New York, début des années 60. Au cœur de l’effervescente scène musicale et culturelle de l’époque, un énigmatique jeune homme de 19 ans arrive dans le West Village depuis son Minnesota natal, avec sa guitare et un talent hors normes qui changeront à jamais le cours de la musique américaine. Alors qu’il noue d’intimes relations durant son ascension vers la gloire, il finit par se sentir étouffé par le mouvement folk et, refusant d’être mis dans une case, fait un choix controversé qui aura des répercussions à l’échelle mondiale…

Copyright Searchlight Pictures

James Mangold est un cinéaste au parcours éclectique. L’homme qui n’a point peur de s’atteler à de grandes sagas (Indiana Jones 5, Logan) n’en est pas à son premier biopic musical. Il réalisait et co-écrivait en 2005 Walk The Line retraçant la vie du musicien Johnny Cash alors interprété par Joaquin Phoenix – personnage que nous retrouvons ici sous les traits Boyd Holbrook dont c’est la troisième collaboration avec le cinéaste. Avec sa réalisation très classique, sans fioritures, permettant de faire briller l’authenticité et l’excellence de la performance des acteurs, Mangold nous raconte les premières années de cet auteur-compositeur-interprète hors pair adaptées du livre Dylan Goes Electric d’Elijah Wald. Si le film illustre bien la dualité du protagoniste entre se conformer au genre qui l’a révélé et explorer de nouveaux horizons, il manque globalement un peu de fougue à l’image de l’homme qu’il dépeint. Le réalisateur a décidé de nous livrer une œuvre intimiste qui prend son temps. Cela n’est pas pour nous déplaire mais Un Parfait Inconnu s’étire, hélas, un peu en longueur.

Il y en avait pourtant des choses à dire sur Bob Dylan et ceux qui l’ont accompagné et entouré : Pete Seeger (Edward Norton, si attendrissant), Joan Baez (épatante Monica Barbaro), Woody Guthrie (Scoot McNairy) et Johnny Cash entre autres. Un casting cinq étoiles qui a appris à jouer et chanter live. Timothée Chalamet parle de 5 ans de préparation et cela se reflète parfaitement à l’écran. On est subjugué par la qualité de la bande originale qui fait honneur aux plus grands titres de Dylan. Mais il manque un peu de chaire dans la représentation de cette période compliquée qu’est les années 60 aux États-Unis, mentionnée avec parcimonie tout au long du film.  Celui qui était le “porte-parole de sa génération” avec ses textes engagés sur la politique du pays, qui côtoyait les poètes de la Beat Generation (ami d’Allen Ginsberg) révolutionnaires dans l’âme, se fait plus discret ici. Si les chansons cultes sont bien reprises, la révolution culturelle et sociale de l’époque est un peu éclipsée. Difficile de tout inclure en presque 2h30, nous le savons mais à notre sens, le long-métrage se perd dans l’illustration successive des relations amoureuses au dépens d’un message plus fort.

Copyright Searchlight Pictures

Si elles sont essentielles au récit et à la vie de Bob Dylan, Robert Zimmerman de son vrai nom, le film ne parvient pas totalement à nous convaincre sur ses deux relations avec Sylvie Russo (nom changé pour le film) interprétée par la douce Elle Fanning que l’on voit trop peu, et Joan Baez. Nous comprenons difficilement les réactions du protagoniste à leur égard. Cette dernière prend évidemment plus de place car ils partageront ce lien musical très spécial avec de nombreux duos sur scène et dont pour qui il écrira des chansons. Leur couple scénique fait d’ailleurs partie des meilleures séquences de Un Parfait Inconnu tant leur alchimie est palpable et leurs voix se marient à merveille. James Mangold a pu compter sur le travail acharné produit par ses acteurs pour un résultat bluffant. Il est d’ailleurs fort agréable de réécouter les chansons et de regarder les vidéos des vrais Bob Dylan et Joan Baez après le visionnage du film. Sans jamais tomber dans l’imitation, les comédiens se sont appropriés leur rôle respectif avec beaucoup de grâce et de respect. 

Un Parfait Inconnu est un concurrent sérieux dans la course aux Oscars qui aura lieu le dimanche 2 mars. L’annonce des nominations la semaine prochaine sauront nous le dire. Le film prend, certes, son temps mais ne nous fait jamais perdre le nôtre. Il émane de ce film un amour certain pour Bob Dylan et sa musique. On aurait apprécié qu’il soit un peu plus engagé et rebelle à l’instar de l’artiste militant qui sera l’unique musicien au monde à recevoir le Prix Nobel de la Littérature en 2016. Bob Dylan, un génie musical à l’inspiration inépuisable qui a touché à tant de genres et inspiré tant d’autres. Au cinéma le 29 janvier.

2 replies on “« Un Parfait Inconnu » de James Mangold : Le Roi du Folk’n’Roll”

J’ai beaucoup aimé pour ma part ce portrait amoureux de Bob Dylan à une période charnière de sa carrière. Je la trouve très intelligemment traitée par Mangold et Jay Cocks. La forme très classique ajoute à la dimension du conte dylanien que le personnage inspire. Un film à superposer avec le formidable documentaire fleuve de Martin Scorsese, « Non direction home ».

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Oui, j’ai beaucoup aimé votre critique du film ! Pour ma part, j’ai aussi passé un bon moment devant ce film mais il manque, à mon sens, d’un peu de peps. J’ai parfois trouvé le temps un peu long à mon grand regret. Il y aura de toute façon un second visionnage qui m’aidera peut-être à plus apprécier le rythme !

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