Robert Eggers, réalisateur au talent bien singulier et auteur des (mal)aimés The Witch, The Lighthouse, The Northman, quitte le « the » et nous offre un remake éponyme du Nosferatu, film muet de F. W. Murnau sorti en 1922 et considéré comme l’un des premiers films d’horreur au monde. Sorti en France le jour de Noël, le film est une véritable merveille visuelle qui a ravi les amoureux d’horreur gothique que nous sommes. Tout le casting est phénoménal et Eggers est un fin directeur d’acteurs, ce qu’il obtient de Lily-Rose Depp et Bill Skarsgård est impressionnant. Tel un vampire qui attend son heure, Nosferatu est tranquillement venu se glisser dans nos Tops des meilleurs films de l’année. Maintenant au cinéma.
Synopsis : Nosferatu est une fable gothique, l’histoire d’une obsession entre une jeune femme tourmentée et le terrifiant vampire qui s’en est épris, avec toute l’horreur qu’elle va répandre dans son sillage.

Robert Eggers est un grand plasticien, ses oeuvres fourmillent d’idées et il s’améliore de film en film. Adepte du cinéma de genre, il s’approprie à merveille ce conte horrifique pourtant maintes fois adapté. S’il ne révolutionne en rien l’histoire de Bram Stocker ni celle du film muet, Eggers puise dans ses capacités à mettre en images un récit. Nosferatu est sublime, un délice pour les yeux. Travaillant beaucoup le plan séquence, il installe un rythme assez lent, parfois contemplatif, qui fait totalement sens. L’atmosphère qui s’en dégage est terrifiante et nous ressentons pleinement la tourmente des personnages, torturés par le fameux Comte Orlok (sous les traits du méconnaissable et ô combien talentueux Bill Skarsgård). Certaines séquences sont très marquantes dont la scène d’ouverture qui nous plonge in medias res dans l’horreur gothique promise par le réalisateur. On pense également à celle de l’arrivée au château du Comte dans les Carpates avec sa mise en scène virtuose qui n’a besoin d’aucun dialogue. Le scénariste et cinéaste américain s’en donne à cœur joie pour nous créer de la peur à partir d’un rien : une ombre, un murmure, un geste.
Cette histoire est fascinante à suivre et beaucoup se sont exprimés sur l’authenticité avec laquelle Robert Eggers a représenté ce monde à l’écran. De l’ère victorienne au cœur d’une ville fictive d’Allemagne aux folklore des montagnes de Transylvanie, Nosferatu est, on le rappelle, une ré-interprétation de Dracula de l’écrivain Bram Stocker. Murnau, le maître du cinéma expressionniste allemand, n’ayant pas eu les droits d’adaptation pour son Nosferatu Le Vampire a tout simplement changé le lieu de l’action et les noms des personnages. Dracula est devenu Comte Orlok, Londres devient Wisborg, Van Helsing – Von Franz, etc. Le remake d’Eggers est d’ailleurs autant visuellement inspiré du Dracula de Francis Ford Coppola sorti en 1992 dont certains plans ont une ressemblance confondante que du film muet. Cela se voit dans l’utilisation de contrastes très marqués par un travail précis de la lumière et dans la représentation de sujets moraux et psychologiques telle que la répression du désir propre à cette époque et évoquée tout au long du film au travers de la protagoniste Ellen Hutter.

Parlons-en du personnage d’Ellen Hutter. Robert Eggers frappe fort en confiant à Lily-Rose Depp ce rôle difficile à incarner. Sceptiques à l’annonce de son casting, nous avons été bluffés par sa performance qui se hisse au pantheon des scènes de possession. Luxure et horreur font bon ménage et sous ses airs de jouvencelle fragile, l’actrice franco-américaine réussit la tâche d’allier sensibilité et férocité pour l’interpréter. Face à elle, Nicholas Hoult n’est pas en reste dans le rôle du mari éperdu qui personnifie la terreur et l’effroi comme personne. C’est l’âme du film et la première heure est certainement la meilleur grâce à lui. En somme, tout le casting de Nosferatu est impeccable et prestigieux. Eggers retrouve ses fidèles, Ralph Ineson et Willem Dafoe, dans un duo charmant. Aaron Taylor-Johnson et Emma Cottin complètement le casting aux côtés du Scream King, Bill Skarsgård, qui se métamorphose et disparaît complètement, corps et voix, dans le rôle du vampire. Chapeau l’artiste.
Nosferatu est un film pour le cinéma, à voir au cinéma. Vous en apprécierez que davantage sa richesse visuelle et le jeu fou de ses acteurs. Une œuvre magnifique qui conclut 2024 à la perfection.


2 replies on “« Nosferatu » de Robert Eggers : L’horreur gothique à son meilleur”
J’ai terminé l’année avec celui-ci également. Je reconnais le talent visuel du réalisateur mais, hélas, je dois faire une allergie à l’Eggers. Je reste totalement hermétique à son style. Il n’y a que « The Witch » qui m’a plu.
Une nouvelle année ciné commence, souhaitons-là aussi riche que la précédente.
Belle année Mélanie.
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Je peux le comprendre, vous êtes nombreux à ne pas accrocher. Personnellement, j’adore. Celui qui m’a le plus déplu c’est The Lighthouse mais j’ai apprécié son mal aimé The Northman par exemple et ce Nosferatu est à mon sens l’un de ses meilleurs. J’ai savouré chaque minute.
Merci pour ce gentil commentaire et de nous avoir lu tant de fois en 2024 ! Très belle année également, tout le meilleur pour vous et votre média !
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