En se replongeant avec délice dans l’univers barré et macabre de son « Beetlejuice« , Tim Burton retrouve son énergie, sa fougue et sa créativité. Cette suite, 36 ans « in the making », délivre bien plus qu’on s’y attendait. Et est bien plus fun aussi. Chapeau bas. Rendez-vous au cinéma dès le 11 septembre.
« Beetlejuice Beetlejuice » de Tim Burton :
Avec « Beetlejuice Beetlejuice« , Tim Burton retrouve l’énergie créative qui a fait sa renommée. Ce nouvel opus, qui aura mis plus de 30 ans à se faire, marque le retour du cinéaste à un univers gothique et déjanté, où chaque scène déborde d’inventivité visuelle. Burton nous embarque à nouveau dans un monde macabre et fantasque, où la frontière entre les vivants et les morts se brouille (toujours un peu plus…), laissant place à une explosion de couleurs, de formes et d’idées. Ce n’est pas seulement un hommage à son propre style ou une mauvaise parodie d’un temps lointain (comme cela a pu l’être sur des films précédents), mais une réinvention enchantée de son univers, plus vivace que jamais. Le film enchaîne les moments de folie visuelle à un rythme éffréné, sans jamais perdre de son charme grotesque.
Surtout que, sous la houlette de Alfred Gough et Miles Millar, scénaristes de « Smallville » et « Mercredi« , le charme grotesque est aussi politique et sociétal ! Cela tape fort sur la société moderne, accrochée à son téléphone, sur le monde de l’art et des performances, sur la masculinité toxique, et offre un beau conte avec une sacrée filiation mère-fille, avec trois générations de femmes tourmentées. Oui, il y a tout ça dans « Beetlejuice Beetlejuice« , le film où les monstres ne sont pas ceux qu’on croit.
Tim Burton, débarrassé de certaines lourdeurs narratives qui avaient alourdi certaines de ses productions récentes, se lâche ici complètement et même si le scénario fait quelques faux pas – une conclusion hâtive et un peu trop facile, un trop plein de personnages et de sous-intrigues sous-exploitées – l’ensemble est suffisamment dynamique et décalé pour qu’on lui pardonne ces petites errances (en partie aidé par la musique de Danny Elfman aussi, qui nous laisse sourire aux lèvres). Ce n’est pas tant l’histoire qui prime, mais l’expérience folle et festive à laquelle Burton nous (ré)-invite.
« Beetlejuice Beetlejuice » : Burton, Keaton, Ryder, O’Hara et Jenna Ortega…
Dans cet univers burtonien coloré et terriblement mortel, Jenna Ortega s’impose avec une présence remarquable. Bien plus vivante que dans son rôle de Mercredi Adams dans la série « Mercredi » sur Netflix (produite et réalisée par Tim Burton), Ortega se glisse à merveille dans ce monde macabre, apportant une fraîcheur et une intensité qui correspondent parfaitement à l’univers du réalisateur. Elle se fond naturellement dans le ton gothique et surréaliste du film, tout en y ajoutant sa propre touche. Jenna Ortega prouve ici qu’elle est une des nouvelles icônes de la génération Burton, aux côtés d’acteurs emblématiques comme Michael Keaton et Winona Ryder.
D’ailleurs Keaton, toujours aussi irrésistible en Beetlejuice, nous rappelle pourquoi son personnage est devenu culte. Sa performance est à la fois chaotique et maîtrisée (et Beetlejuice est presque moins problématique que dans le premier volet… ou en tout cas, ici, il est désigné comme tel donc ça choque moins (surtout au revisionnage)). Quant à Winona Ryder, elle revient avec une prestance renouvelée. Ce rôle d’une Lydia Deetz, plus mature, mais toujours aussi fascinée par le morbide, lui sied à merveille et son duo avec Catherine O’Hara, hilarante comme toujours, fait des étincelles.
In fine, ce macabre et fou furieux « Beetlejuice Beetlejuice » n’est pas sans défauts scénaristiques, mais qu’importe, le premier volet aussi était ainsi. Tim Burton nous offre ici un film où sa créativité macabre s’exprime à nouveau sans filtre, où l’absurde et le grotesque sont célébrés à chaque instant, se surpassant même comparé au premier long-métrage. Cela fait du bien… On retrouve les grandes heures du cinéaste et donne clairement envie de se replonger dans ses premières oeuvres.
« Beetlejuice Beetlejuice« est un nouveau film d’auteur pour Burton, qui rappelle ses œuvres de jeunesse, tout en montrant une nouvelle vitalité, qui prouve qu’il est encore capable de nous surprendre et de nous emmener dans des contrées délirantes et inoubliables. Un retour réussi pour un réalisateur qui semble avoir retrouvé son mojo macabre. Pourvu qu’il ne le perde pas à nouveau. En tout cas,
