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« Civil War » : la guerre est déclarée

La guerre est déclarée dans « Civil War », pour nous, il n’est pas encore trop tard. Alex Garland revient avec un film viscéral, intelligent, immersif et angoissant. Cette nouvelle production A24, le studio qui prend des risques, s’intéresse ici à l’importance du journalisme pour une société libre. Kirsten Dunst, Cailee Spaeny, Wagner Moura et Stephen McKinley Henderson sont au casting de ce film choc. Au cinéma dès le 17 avril.

Synopsis : Dans un futur proche où les États-Unis sont au bord de l’effondrement et où des journalistes embarqués courent pour raconter la plus grande histoire de leur vie : La fin de l’Amérique telle que nous la connaissons.

D’emblée de jeu, nous sommes propulsés au cœur d’un conflit armé qui oppose les États-Unis contre… les États-Unis dans cette œuvre radicale. Le scénariste de Danny Boyle sur « 28 jours plus tard » et « Sunshine » signe à la fois un film de guerre, un thriller psychologique et un road-trip apocalyptique hyper réaliste dans une approche presque documentaire. Effrayant de réalisme, loin du film dystopique, « Civil War » s’installe sur les terres d’une des plus grandes nations du monde et laisse le spectateur se faire sa propre interprétation. Aucune raison ne vous sera donnée quant aux origines de la déchirure du pays. Seules les conséquences vous seront explicitées et dépeintes. Un spectacle d’horreur qui met à l’honneur les courageux journalistes de guerre. Pour les interpréter, un quatuor improbable mais si attachant, qui reflète trois générations d’hommes et de femmes au service de la presse complètement démunies et lésées. Sans jamais tomber dans le larmoiement, Alex Garland porte à l’écran des protagonistes endurcis mais qui savent faire appel à leur humanité, à leur sensibilité. Des personnes qui nous bouleversent. Que ferions-nous sans ces reporters de l’extrême ? Ceux qui documentent, qui gardent une trace sur les événements passés, sur l’Histoire. Tout le propos de son quatrième long-métrage est là : apprendrons-nous de nos erreurs ?

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À aucun moment « Civil War » glorifie la guerre. Il en dénonce toute son horreur, ses conséquences physiques et psychologiques dans des images à la fois si familières et si éloignées de nous. Des séquences d’action complètement folles, à la limite du surréalisme, dans le but d’accentuer l’atrocité dans lequel notre monde peut tomber. Chaque jour, nous regardons des images de guerre au nom de l’information, quelle différence si cette guerre éclate ailleurs ou chez nous ? Le film pose les bonnes questions. Pouvons-nous continuer à être aussi insensible à ce qu’il se passe dans le monde ? Qui subit ces conflits ? Évidemment, ce sont les populations qui perdent la vie, ce sont les soldats qui obéissent. Dans cette Amérique déchirée, nous assistons à de la pure sauvagerie. Une scène-clé en est le parfait reflet, où l’acteur et compagnon de Kirsten Dunst, Jesse Plemmons, fait une apparition remarquée. La séquence démontre très justement l’absurdité de la guerre civile, au travers de la réalisation coup-de-poing exceptionnelle de Garland. Grand scénariste, nous avions également apprécié ses deux premiers films « Ex-Machina » et « Annihilation », là où « Men » nous avait moins convaincus. Retour en force avec « Civil War » qui est une pure expérience de cinéma avec des caméras qui s’infiltrent au cœur de l’action et un travail du son sensationnel.

Avec sa bande-son explosive et sa tension croissante jusqu’à un dernier acte d’anthologie, vous serez époustouflés par tout le travail fourni sur « Civil War ». Chapeau bas Monsieur Garland. À voir ABSOLUMENT en salles dès le 17 avril.

2 replies on “« Civil War » : la guerre est déclarée”

Tout à fait d’accord avec cet avis. Et malgré quelques faiblesses dans le noyau qui maintient le groupe de reporters uni, il faut souligner la force du propos et la puissance des images convoquées par Garland, nourries de toutes les guerres et traumatismes du passé.
A voir, et même à revoir en ce qui me concerne.
Bravo pour cette chronique.

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