« Babylon » : célébration d’un Hollywood sans foi ni loi !

Réalisateur oscarisé pour « La La Land » en 2017, Damien Chazelle revient avec son « Babylon » poser sa caméra sur ce même mythe qu’est le cinéma hollywoodien et le dépeint tel que vous ne l’avez jamais vu ! Le film tente le tout pour le tout et embrasse la folie des grandeurs ! Verdict après 3h10 ?

« Babylon » suit un ensemble de personnages qui vont évoluer, se croiser et s’entremêler au cœur de cette machine qu’est le cinéma muet et ce jusqu’aux premières années des films parlants. À l’âge d’or Hollywoodien, les « années folles » portent bien leur nom et Jack Conrad (Brad Pitt), Nellie LaRoy (Margot Robbie) et Manny Torres (Diego Calva), nos trois protagonistes, vont les vivre autant que les subir.

C’est un Hollywood tout à fait inattendu que le cinéaste et son équipe nous expose. Après des années de recherche (plus de 10 ans), de témoignages et d’archives retrouvés, le Los Angeles de l’époque semblait bien moins sage et doré qu’il n’y parait. Et bien qu’on se le dise : « Babylon » c’est la célébration de la vie, du spectacle, d’une industrie en plein boom mais aussi un émerveillement de tous les sens.

C’est également un véritable hommage aux œuvres, aux stars et aux techniciens d’antan dont l’intemporel « Chantons sous la Pluie » avec Gene Kelly. Les personnages principaux ont tous été inspirés et modelés sur de vraies personnalités des années 1920-1930. Il y a un peu de l’actrice Joan Crawford dans le personnage de Nellie LaRoy, un peu de l’immigré cubain Rene Cardona dans Manny Torres et Douglas Fairbanks ou Valentino dans la star du cinéma muet ultime Jack Conrad.

À seulement 37 ans, être le scénariste et le réalisateur d’une œuvre telle que « Babylon », nous pouvons dire que Damien Chazelle est un monstre du cinéma… cet art qu’il aime tant ! En tout cas, The Spectators le dit. En véritable chef d’orchestre, il exécute les séquences les plus folles, toujours plus fort, toujours plus haut. On se souvient tous de ce plan-séquence incroyable qui ouvrait « La La Land » et bien Chazelle repousse encore les limites et se lance dans de nouveaux défis techniques. Sa caméra flotte parmi les fantômes d’Hollywood qu’il met en scène dans sa fresque. Son long-métrage est généreux, excessif, dans l’abondance voire la surenchère. Il ne se refuse rien et on adore !

Mais que serait une œuvre de Chazelle sans son acolyte musicien, Justin Hurwitz, compositeur sur tous ses films. Il nous livre une fois encore une bande originale survoltée, jazzy (évidemment, il faut du Jazz chez Chazzzelle) et qui retranscrit parfaitement toute la dépravation, de l’ascension au déclin de ces personnages. Du rêve au cauchemar, il n’y a qu’un pas et il fallait des acteurs prêts à tout pour les interpréter. Margot Robbie, Diego Calva et Brad Pitt sont tous nominés pour un Golden Globes dans les catégories Meilleure Actrice, Meilleur Acteur et Meilleur Acteur dans un 2nd Rôle. Complètement mérité ! « Babylon » est aussi présent dans la catégorie Meilleur Film Musical/Comédie mais on regrette l’absence de Damien Chazelle dans la catégorie Meilleur Réalisateur.

« Babylon » est un film comme on en fait plus beaucoup, du grand spectacle à l’état brut. Il célèbre la vie, la passion et nous transmet l’amour du grand écran et cette chance d’être spectateur. Quel bonheur de vivre de telles expériences sensorielles et de les partager dans ce lieu indémodable qu’est la salle de cinema. Chazelle est un virtuose !

Dans les salles françaises le 18 janvier 2023.