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« Border Line » : Haut les mains

Réalisés par les vénézuéliens Alejandro Rojas (réalisateur de documentaires et journaliste cinéma) et Juan Sebastian Vasquez (chef opérateur), Border Line est un thriller social et politique sous forme de huis clos haletant. Le film a remporté le Grand Prix du Jury au festival Premiers Plans et le Prix du Public au festival Reims Polar. Au cinéma le 1er mai.

Synopsis : Projetant de démarrer une nouvelle vie aux États-Unis, Diego et Elena quittent Barcelone pour New-York. Mais à leur arrivée à l’aéroport, la Police des Frontières les interpelle pour les soumettre à un interrogatoire. D’abord anodines, les questions des agents se font de plus en plus intimidantes. Diego et Elena sont alors gagnés par le sentiment qu’un piège se referme sur eux…

Copyright Condor Distribution

Hyper réaliste, Border Line se veut presque documentaire pour nous dépeindre avec une grande authenticité ce qui se passe derrière les portes closes des aéroports. Inspiré de leur vécu, les deux réalisateurs ont eux-mêmes connu ces échanges houleux avec la police des frontières américaine. Dans un contexte bien particulier des États-Unis explicité dès le début du récit, le film démarre in medias res pour un roller coaster émotionnel. Ce couple à l’écran est criant de vérité et l’écho d’une triste réalité, malheureusement encore d’actualité. En effet, une déchirure existe entre les sud-américains et les espagnols. Elle existe au sein de ce couple et elle se ressent aux yeux des autres. Et c’est là tout le brio du scénario qui utilise ce lien fragile pour impacter leur rapport et créer une séparation.

Bien sûr, Border Line dénonce certaines pratiques policières, critique le rêve américain et cette grande nation qui fait encore beaucoup rêver aujourd’hui. Mais aussi toutes les discriminations, à l’image de ces enfants d’immigrés ayant grandis aux USA qui sont encore plus américains que les Américains eux-mêmes (le personnage de l’agent Vasquez interprété par l’actrice de Orange is the new Black, Laura Gomez). Mais tout ça ne sert qu’à démontrer les préjugés qui existent entre deux parties du monde provenant pourtant de la même culture, parlant le même langage. Et au-delà de ça, de démontrer la différence de traitement que certains pays subissent par rapport à d’autres (pays pauvres versus pays européens).

Copyright Condor Distribution

La force du long-métrage réside dans sa parfaite exploitation du scénario. À coups de champ-contrechamp rythmés par les dialogues tendus, tout repose sur ce qui est dit et ce qui est tu, Border Line défile à une vitesse folle, pour un film déjà très court. Paradoxalement, le temps nous paraît aussi long qu’à ces personnages bloqués aux frontières (dans le bon sens du terme) grâce au maintien d’une tension constante et croissante. Très belle découverte que cette œuvre intelligente qui nous met les nerfs à rude épreuve. À voir au cinéma le 1er mai.

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