Film d’ouverture (en hors compétition) du Festival de Cannes 2025, « Partir un jour » était un choix audacieux tant il est franco-français. D’une part avec son casting, même si Juliette Armanet a rayonné sur Terre lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques, et d’autre part avec ses chansons. Cependant, c’est un beau film qui aurait même eu sa place en compétition officielle.
« Partir un jour » : ritournelles de province !
Amélie Bonnin signe avec « Partir un jour » une œuvre aussi légère qu’envoûtante, un petit bijou poétique où la musique française est à l’honneur. Entre mélodies envoûtantes, punchlines savoureuses et tension à couper au couteau, ce premier film, tiré du court métrage du même nom (César du meilleur court en 2023), ou plutôt cette comédie musicale séduit par son charme désuet et son raffinement savoureux. Ici, donc, Cécile Béguin, ancienne candidate de Top Chef, sur le point d’ouvrir son resto qui vise le Michelin à Paris, retourne dans sa famille pour prendre soin de son père, victime d’un infractus. Celui-ci, bougon et rancunier, ne veut pas lâcher son restaurant dont la seule mission est de nourrir les routiers. En parallèle, Cécile, délicatement incarnée par Juliette Armanet, apprend qu’elle est enceinte…
Anciennes amours, vieux potes, conflits familiaux et générationnels, questionnement sur la maternité et la paternité, le couple, Paris vs la province… Avec une aisance rafraîchissante, Amélie Bonnin cisèle un film qui aborde beaucoup et ouvre la réflexion sur pas mal de sujets. C’est fait intelligemment et avec une belle écriture. « Partir un jour » laisse mijoter les sentiments de son héroïne dépassée par son retour au pays. C’est doux-amer, savoureux, drôle, référencé et assez mélancolique. On se retrouve beaucoup dans les sympathiques errances sentimentales et personnelles de Cécile.
« Partir un jour » au cinéma : Un trio qui régale
Bastien Bouillon, Juliette Armanet (que l’on peut voir aussi dans la série « Carême » sur AppleTV) et François Rollin forment un casting aussi inattendu que réjouissant. Bouillon apporte sa sensibilité mélancolique, Armanet sa voix et son aura pop, tandis que Rollin, toujours aussi espiègle, distille avec malice quelques traits d’humour. Leur alchimie fonctionne à merveille, portée par des dialogues qui flirtent avec la chanson à texte et la comédie musicale. Mais pas la old school. On est plus du côté de « On connaît la chanson » de Resnais ou « Les chansons d’amour » de Christophe Honoré que du cinéma de Jacques Demy ou les comédies musicales US.
Les partitions, bien que (trop) brèves, sont de véritables bonbons pour les oreilles. Dommage que ces moments musicaux ne soient pas plus développés : à peine commence-t-on à se laisser emporter qu’ils s’estompent, laissant une légère frustration. On aurait aimé se laisser emporter par le « Sensualité » d’Axelle Red ou chanter aussi sur les notes de notre Céline Dion adorée avec les garçons lors d’une scène clé du film.
Autre petit manque : l’absence de sous-titres façon karaoké, qui aurait permis de chanter en chœur ces ritournelles entraînantes. Un détail, certes, mais qui aurait ajouté une dimension interactive et ludique à l’expérience surtout que c’est le cas en début de film et dans le générique avec les effets visuels.
« Partir un jour » : recette réussie !
Malgré ces quelques petits détails, « Partir un jour » reste une pépite à savourer comme une friandise rare, délicate et sucrée. Amélie Bonnin, en passant du court au long-métrage, confirme son talent pour mêler poésie, humour et musique, et l’on ressort de ce voyage musical avec une irrésistible envie… de chanter du 2be3, du Céline, du Yannick, du K-Maro… Bref, de partir un jour à nouveau, de revoir le film et de se laisser embarquer encore une fois !
The Spectators 