Disponible depuis le mois de mars sur Netflix, l’importante mini-série britannique « Adolescence » saisit par sa puissance émotionnelle et son regard lucide sur les dérives qui menacent les jeunes générations.
Une série coup-de-poing sur l’adolescence : à voir sur Netflix !
Vous avez sans doute entendu parler d’Adolescence — la mini-série dont tout le monde parle depuis quelques semaines. Créée par Jack Thorne et Stephen Graham, disponible sur Netflix depuis le 13 mars 2025, elle frappe par sa réalité brute : une plongée dans l’impact des réseaux sociaux, la pression sociale, et les dérives silencieuses qui touchent les plus jeunes. On reste littéralement cloué devant l’écran.
L’histoire accroche dès la toute première scène, tendue et sans filtre. Jamie Miller (Owen Cooper — sérieusement, il faudra garder un œil sur lui, il est incroyable !), 13 ans, est accusé du meurtre de Katie Leonard, sa camarade de classe. Très vite, on sent que tout peut basculer. Sa famille, une psychologue et les inspecteurs cherchent à comprendre ce qui a bien pu se passer : pourquoi ? comment ?
Ce qui marque immédiatement, c’est la manière dont Jamie est présenté : non comme un simple coupable, mais comme un adolescent paumé et presque attachant. On se sent tiraillé — c’est troublant, dérangeant. Et c’est sans doute ce que la série cherche à provoquer.
Un casting impressionnant
Le casting est très solide, certains interprètes sortent du lot. C’est le cas pour Owen Cooper, vraie révélation, qui crève littéralement l’écran. Malgré son jeune âge, on est bluffé par la justesse de son jeu — tout passe par les regards et les silences. Il exprime ses émotions, mais sans toujours réussir à les contrôler, ce qui rend son interprétation encore plus bouleversante. On sent toute la confusion, toute la détresse qui traversent Jamie, sans que ce soit jamais surjoué.
Stephen Graham, dans le rôle du père, touche profondément, surtout dans l’épisode 4 (pas de spoil, promis). En quelques regards perdus et gestes maladroits, il transmet tout le désarroi d’un père qui voit son monde s’effondrer sans savoir comment aider son fils. Ça fend le cœur.
À leurs côtés, Erin Doherty est excellente en Briony Ariston, la psychologue de Jamie. Son jeu tout en retenue crée une vraie proximité : par moments, on a l’impression d’être dans la pièce avec elle, de ressentir chaque silence, chaque hésitation. Sa présence à l’écran rassure autant qu’elle inquiète ; à travers sa posture et ses regards, on sent toute la difficulté d’accompagner un enfant qui se perd peu à peu.

Un salut aussi à Ashley Walters, impeccable en inspecteur Luke Bascombe. Ceux qui l’ont vu dans Top Boy connaissent déjà son charisme. Ici encore, il impose une vraie présence, sans forcer.
« Adolescence » : attention à la radicalisation par les réseaux !
Adolescence ne se contente pas de raconter une accusation de meurtre. Elle explore tout ce qui gravite autour : la douleur, le deuil, le silence, les « et si… », les questions sans réponse. On suit une famille qui tente de rester debout alors qu’elle ne reconnaît plus son propre enfant.
Ce qui frappe également, c’est la manière dont la série aborde l’impact des réseaux sociaux et de la culture incel, qui sèment le chaos en ligne. Ces discours violents, ces « influenceurs » toxiques (comme Andrew Tate et d’autres) qui radicalisent des jeunes souvent sans qu’ils s’en aperçoivent.
Le récit rappelle combien l’adolescence est une période fragile. On se cherche, on veut plaire, et lorsque les repères manquent, cela peut devenir destructeur.
Difficile de ne pas penser à We Need to Talk About Kevin : même complexité, même malaise. On découvre un personnage d’abord perdu, presque attendrissant, avant que n’émerge une part plus sombre. On tente de comprendre ce qui se passe dans sa tête, sans jamais y parvenir totalement. Et ça, Adolescence le capte avec une précision déconcertante.
« Adolescence » sur Netflix : une œuvre nécessaire, un regard lucide
C’est une œuvre qui secoue, totalement immersive (chaque épisode est filmé en un seul plan-séquence, sans la moindre coupe, ce qui renforce la tension à chaque instant. On est plongé dans ces tristes événements en temps réel, sans échappatoire…) et terriblement poignante. On en ressort avec le cœur lourd, conscient que ce genre d’histoire pourrait survenir tout près : dans nos villes, nos écoles, nos foyers. On la recommande vivement — aux adolescents bien sûr, mais aussi aux adultes, car elle ouvre une conversation essentielle : sur l’écoute, la solitude, les signes d’alerte et de radicalisation souvent invisibles.
Elle interroge sur la signification de grandir : le besoin d’être reconnu, la peur d’être rejeté, la construction de l’identité, l’apprentissage de soi. Elle souligne aussi l’importance de garder un esprit critique face aux discours manipulateurs et aux modèles toxiques. Et rappelle que nous avons tous un rôle à jouer : en tant que proches, éducateurs, témoins, pour créer un espace de dialogue, de respect et de confiance.
Ce qu’on vient de traverser montre à quel point il est vital de mettre des mots, d’être présent, de rassurer, même quand ça semble dérisoire. Il n’y a pas de solution toute faite, mais ouvrir les yeux, c’est déjà énorme.La fin, silencieuse, bercée par la musique poignante d’Aurora — Through the Eyes of a Child — est bouleversante. Elle en dit long, avec pudeur, sans jamais en faire trop. C’est dur, c’est triste, mais c’est profondément humain. Et ça reste… longtemps.
