Après des mois et des mois, qui sont devenus des années, d’attente, « Severance » revient enfin pour livrer sa saison 2, The Spectators s’est donc plongé dans un rewatch nécessaire de la saison 1. Et nous encore une fois soufflé par la série. On vous dit tout.
« Severance » saison 1 : le travail moderne avec un scalpel brillant et glaçant
Si vous n’avez pas encore découvert « Severance » sur Apple TV+ (ou via Canal+), vous êtes passé à côté d’une véritable pépite de la télévision contemporaine. À quelques mois de l’arrivée tant attendue de sa deuxième saison – trois ans après ses débuts –, il est temps de vous plonger dans cet univers fascinant, terrifiant et terriblement pertinent. Plus qu’une série, « Severance » est une réflexion magistrale sur le capitalisme, l’absurdité du marché du travail et l’impact existentiel de nos choix professionnels.
Imaginez une technologie qui vous permettrait de scinder votre esprit en deux : une partie pour le travail, l’autre pour votre vie personnelle. C’est l’idée au cœur de « Severance« . Dans la société dystopique de la série imaginée par Dan Erickson, les employés de Lumon Industries acceptent volontairement cette procédure : une fois au bureau, leur conscience « professionnelle » prend le relais, effaçant tous leurs souvenirs personnels. Quand ils rentrent chez eux, c’est l’inverse. Ce postulat brillant, qui semble presque plausible dans notre monde ultra-capitaliste qui veut nous implanter des puces, sert de point de départ à une réflexion captivante sur la déshumanisation du travail moderne.
« Severance » saison 1 : une charge puissante contre le capitalisme et le management
« Severance » n’est pas qu’un thriller psychologique haletant, c’est aussi une critique sociale acérée. À travers Lumon, les 9 épisodes de la saison 1 démontent les rouages des entreprises modernes qui demandent toujours plus à leurs employés, souvent au détriment de leur santé mentale et de leur individualité. Les open spaces déshumanisés, les managers manipulateurs, les tâches absurdes dont on ne comprend pas le sens : tout est là, magnifié par une mise en scène froide et clinique qui souligne l’oppression constante.
La série va plus loin en questionnant notre rapport au travail. Quelle part de nous-mêmes sommes-nous prêts à sacrifier pour gagner notre vie ? Peut-on vraiment séparer ce que nous faisons de ce que nous sommes ? À une époque où les frontières entre vie professionnelle et personnelle sont de plus en plus floues, ces questions philosophiques résonnent avec une intensité troublante.

Au-delà de sa critique sociale, « Severance » est une réflexion sur l’identité, la mémoire et le libre arbitre. En scindant ses personnages en deux entités distinctes, la série pose des questions vertigineuses : peut-on vraiment définir une « moitié » de soi comme une personne à part entière ? Quelle est la valeur de notre vie si elle est dénuée de souvenirs ? Et surtout, qu’est-ce que cela dit de nous si nous acceptons volontairement de renoncer à une partie de notre humanité pour le confort d’un emploi ? En 9 épisodes, sous couvert d’un récit de thriller, « Severance » assaille le spectateur de questions qui secouent, profondément. Si en cours de visionnage, vous avez envie de démissionner, ne vous inquiétez pas, c’est tout à fait normal.
« Severance » : du fond sublimé par une esthétique glaçante et une tension maîtrisée
La réalisation, orchestrée par Ben Stiller, est un véritable tour de force. Les décors minimalistes et les couloirs labyrinthiques de Lumon créent une atmosphère oppressante qui semble tout droit sortie d’un cauchemar bureaucratique. La lumière blafarde et les cadrages précis accentuent la sensation de malaise et l’angoisse sourde de ces locaux, tandis que la bande-son de Theodore Shapiro amplifie la tension à chaque instant.
À ce tableau esthétique déjà fascinant s’ajoute un casting irréprochable. Adam Scott livre une performance nuancée et bouleversante dans le rôle de Mark, un homme brisé par le deuil qui cherche refuge dans un travail qui promet de le soulager de sa douleur. Patricia Arquette brille en manager impitoyable et ambiguë, à la limite du sadisme professionnel, tandis que Britt Lower, John Turturro, Tyler Cherry et Christopher Walken apportent des performances subtiles et mémorables, donnant vie à des personnages qui oscillent entre absurdité et tragédie.

« Severance » sur AppleTV : des attentes énormes pour la saison 2
Alors que nous nous apprêtons à découvrir la saison 2, « Severance » reste plus pertinente que jamais. Dans un monde où le burn-out est omniprésent, où les employés sont de plus en plus nombreux à remettre en question leur rapport au travail, cette série agit comme un miroir brutal et nécessaire. Elle vous fera frissonner, réfléchir, et, peut-être, revoir vos propres choix professionnels.
Si vous aimez les récits intelligents, les intrigues labyrinthiques et les séries qui vous hantent longtemps après avoir éteint votre écran, « Severance » est une œuvre incontournable. Plongez dès maintenant dans cet univers fascinant, avant que la saison 2 ne vienne (espérons-le) sublimer cette exploration déjà brillante du travail et de l’humanité. Les premiers retours critiques de la nouvelle fournée d’épisodes sont encore plus dithyrambiques que la saison 1 et cela promet encore de beaux moments en très bonne compagnie de nos collègues de Lumon. Qui a hâte ?

