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Deauville 2024 : films en compétition et palmarès de la 50ème édition 

C’était une année toute particulière pour le Festival du Film Américain de Deauville qui fêtait ses 50 ans d’existence. Avec une programmation éclectique et la venue de grandes stars, la ville normande a frappé fort. Nous revenions il y a quelques jours sur les films projetés en avant-première que nous avons eu la chance de voir (Anora de Sean Baker, A Different Man d’Aaron Schimberg et The Thicket d’Elliott Lester). Aujourd’hui, c’est au tour des 6 films de la compétition que nous avons découvert (sur 14 au total) et nous sommes ravis de voir que plusieurs d’entre eux figurent au palmarès 2024.

Pas de chance, nous avons raté le film qui a reçu pas 1 mais 2 prix lors de cette 50ème édition dont le Grand Prix et le Prix fondation Louis Roederer de la Révélation. Il s’agit de In The Summers premier film de la scénariste et réalisatrice Alessandra Lacorazza Samudio. Ce film semi-autobiographique raconte l’histoire de deux sœurs qui passent un été difficile avec leur père. Le thème de la famille est centrale dans cette sélection et nous allons le retrouver au cœur de nombreux films.

Notre découverte des films en compétition à commencer le lundi avec la projection de Bang Bang de Vincent Grashaw dont le premier film, Coldwater, nous avait beaucoup marqué en 2013. Le film suit un boxeur à la retraite, Bernard “Bang Bang” Rozyski, qui décide de renouer avec son petit-fils en l’entraînant à la boxe. Le film n’est pas un film de boxe mais se focalise sur l’après, les dégâts corporels et psychiques laissés par une vie de coups, à la dure. À l’image de The Iron Claw sorti au cinéma cette année qui retraçait la vie des Von Erich, une fratrie de lutteurs subissant la maltraitance psychologique de leur père pour réussir dans leur sport, le personnage de Rozyski a subi son sport plus qu’il ne l’a choisi. L’acteur Tim Blake Nelson est clairement le point positif du film qui incarne à la perfection ce grand-père bougon, alcoolique et replié sur lui-même. Dommage que l’œuvre manque autant d’émotions pour réellement nous faire attacher à cette famille qui tente de se reconstruire.

Nous enchaînons ensuite avec The School Duel de Todd Wiseman Jr et lauréat du Prix Canal+ Spécial 50ème Anniversaire, décerné par des passionnés de cinéma sélectionnés sur jeu concours en amont du festival. L’une des très bonnes surprises de la compétition, notre petit chouchou. Avec son sujet brûlant plus que jamais d’actualités et une mise en scène inspirée, le film mérite de la visibilité. Son jeune acteur, Kue Lawrence est impressionnant et cela faisait longtemps que nous n’avions pas vu un jeune talent aussi épatant, qui plus est dans une œuvre pas si facile à appréhender. Le pitch est simple et fait écho à l’actualité américaine que le cinéaste dénonce fermement : la Floride (État d’origine du réalisateur) a aboli le contrôle des armes à feu et pour éviter les tueries dans les écoles, le gouvernement a mis en place “The School Duel”. Chaque école sélectionne un étudiant pour participer dans un jeu de survie jusqu’à ce qu’il n’y ait qu’un seul vainqueur. Filmé en noir et blanc, le film est une pépite visuelle qui en fait peut-être un peu trop par moment à coups d’effets de style trop appuyés mais dans l’ensemble, il ne rate pas sa cible. C’est effrayant et nécessaire. 

Le lendemain, c’est au tour du premier long-métrage Color Book de David Fortune. Notre deuxième coup de cœur lui aussi tourné en noir et blanc. Et nous sommes heureux de le voir recevoir le Prix de la Critique. Très émouvant, tout en finesse et en subtilité, sans jamais tirer sur la corde sensible, Color Book est une merveille de douceur sur une famille monoparentale entre un père veuf et son fils handicapé, atteint de trisomie. Le noir et blanc sublime les images et souligne cette relation père-fils pleine d’amour. Ils tentent ensemble de surmonter les épreuves à bord d’un train en marche qui les emmène symboliquement vers un renouveau. L’acteur William Catlett est formidable et fait preuve d’une grande pudeur très touchante dans le rôle de ce père de famille en deuil. Face à lui, le jeune Jeremiah Alexander Daniels brille de mille feux et on sent toute la bienveillance qui a régné sur la production de ce très beau premier film.

Mercredi matin, nous découvrons Noël à Miller’s Point de Tyler Taormina. C’est avec entrain que nous y allions, enfin une comédie dans la compétition ! L’esprit de Noël, une famille dysfonctionnelle, Michael Cera, tout était réuni pour passer un agréable moment. Mais c’est la douche froide. Même les rejetons de Scorsese et Spielberg n’y pourront rien. Michael Cera y est pauvrement utilisé voire pas du tout. Rien ne fonctionne dans ce film pompeux, vide, terriblement long. Aucun personnage ne se démarque, il nous est impossible de s’identifier à l’un d’entre eux tant ils sont tous inintéressants et nous n’avons qu’une hâte, c’est que la soirée de Noël se termine.

Nous continuons la journée avec The Knife de et avec Nnamdi Asomugha et l’actrice oscarisée Melissa Leo. Le film a remporté le Prix du Jury, présidé cette année par l’acteur Benoit Magimel. Nous sommes contents pour ce premier long-métrage, encore, d’une grande maîtrise qui part d’un scénario simple pour le transcender et en sortir cette œuvre pleine de suspens. Évidemment, tout autant d’actualité que The School Duel, dans une Amérique du Nord divisée, proche des nouvelles élections présidentielles. Ici, pas de massacre mais un “home invasion” où une femme blanche s’introduit en pleine nuit dans la maison d’une famille noire. Lorsque la police arrive, l’intruse gît au sol un couteau à la main. Que s’est-il passé ? C’est à l’inspectrice Carlsen (Leo) de découvrir la vérité. Ce film marque par les interprétations impeccables du casting mais aussi une tension croissante jusqu’à un dénouement qui risque fort bien de vous chambouler. 

Enfin, nous terminons notre tour des films en compétition avec Les Damnés de Roberto Minervini, réalisateur de documentaires qui passe à la fiction. Ce film de guerre anti-guerre avait tout pour nous plaire. Comme le dit son réalisateur, avec plus de 50 conflits armés à travers le monde en 2024, l’heure n’est pas à la glorification de la guerre. Et nous sommes tout à fait d’accord. Il désapprouverait probablement The School Duel, très stylisé, mais que nous avons trouvé en accord avec son récit. Ici, nous suivons une troupe de soldats durant la guerre de Sécession. Exit les scènes d’action, nous ne verrons jamais l’ennemi qui les attaque. Ici, le réalisateur se concentre sur ses personnages et la manière dont ils questionnent leur engagement, leur rôle dans cette guerre. N’est pas Terrence Malick qui veut, ce sous La Ligne Rouge ne nous a pas convaincus. À vouloir ne rien filmer de la guerre, il ne filme que le vide. On s’ennuie et le temps nous paraît bien long pour ce film d’une heure et demi. La grosse déception pour nous parmi les films découverts en compétition.

Et voici pour le résumé de cette 50ème édition du Festival du Film Américain de Deauville. Nous avons été ravis de découvrir l’ambiance de ce festival pour la première fois et d’avoir eu l’opportunité de visionner ces neuf films. Dans sa globalité, la sélection était très satisfaisante et variée. Nous en avons manqué beaucoup mais nous espérons qu’ils trouveront tous leur distributeur français. On les attend en salle de pieds fermes ! Merci Deauville et vive le cinéma !

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