Cette saison 3 de la série avec Jeremy Allen White et Ayo Edebiri nous plonge dans les premiers balbutiements de l’ouverture du restaurant « The Bear ». Christopher Storer nous offre une histoire d’enfantement dans la douleur où chacun a peur de passer ses traumas à la génération suivante ! Malgré la fraîcheur en moins, c’est toujours brillant. Attention spoilers.
« The Bear » saison 3 : cuisiner pour survivre, arrêter pour vivre
Après une saison 2 d’une maîtrise absolue, d’une beauté époustouflante et d’une ambition savoureuse, la barre était haute. Le retour de « The Bear » ne se fait pas dans la continuité donc. Si la série accuse un peu coup, se reposant sur de très beaux lauriers, elle perd surtout de sa fraîcheur et tourne un peu en rond quand elle reste au plus près de sa bruyante brigade. Les premiers épisodes alternent donc moments de calme, à coup de flashbacks et de scènes intenses qui bousculent et cassent les oreilles, en nous plongeant au coeur du merdier qu’est la cuisine du naissant (dans la douleur) restaurant The Bear. C’est là que les personnages sont coincés et se gueulent dessus avec des insultes toujours plus colorées. Ils n’arrivent pas à se sortir de leurs travers et le spectateur accuse un peu le coup. Ce n’est pas qu’on s’ennuierait mais cela a déjà été dit et montré. L’intérêt de la saison viendra donc sur le tard, dans sa deuxième partie. Encore une fois, Christopher Storer, showrunner, et ses scénaristes tapent juste. Ils offrent un bel épisode à Tina, et une avancée majeure du côté de Natalie (et on ne parle pas que de son accouchement (pas forcément facile)) qui parvient à confronter sa peur de la transmission transgénérationnelle de traumas. Tout ça, c’était pour le perso.
Du côté pro, cette nouvelle fournée d’épisodes de « The Bear » nous régale donc en se penchant sur l’économie de la restauration haut de gamme, et ce que cela implique de sacrifices, de douleurs et de résignations. Et de critiques culinaires aussi dont on est à la merci. Mais pas seulement. Les 10 épisodes de cette saison 3 parlent beaucoup de passation, de fin de carrière (nécessaire pour reprendre goût à la vie… c’est dur mais c’est beau), d’excitation à la naissance d’un nouveau projet, d’héritage culinaire mais aussi de traumas professionnels (et cerise sur le gâteau, il y a aussi de véritables chefs qui passent parler de leurs parcours). Carmen peut enfin mettre des mots sur ses maux et surtout confronter son agresseur. Le début de la guérison est là pour tout le monde. Car oui, le chemin est semé d’embûches, les processus est long et douloureux et Carmen, Sydney, Richie et les autres se blessent au passage.
« The Bear » saison 3 sur Disney+ : l’exigence de chaque seconde qui passe
La série, présente sur Disney+ dès ce mercredi 17 juillet, est toujours l’une des oeuvres les plus réussies du petit écran. Chaque seconde est ciselée, chaque minute est exigeante, chaque épisode est un tourbillon émotionnel intense. Elle n’est toujours pas facile d’accès. Mais elle a le mérite de ne pas prendre ses spectateurs pour des idiots. Elle se prend pour Maurice et pousse le bouchon toujours plus loin, sans oublier de nous divertir et de nous servir le meilleur d’elle-même. Il est de beau de voir que la brigade de scénaristes menés par Christopher Storer continue de bouillonner d’idées autant visuelles (ces gros plans… je pourrais écrire un doctorat dessus) que sur le papier, de mener sa barque vers… il faudra revenir en saison 4 pour le savoir. L’avenir de « The Bear » est… à vous de le découvrir.
Intransigeante, intelligente, belle, dure, intense, fracassante, émouvante, sublime, « The Bear » est tout ça et bien plus. Elle l’était en saison 1, a explosé en saison 2 et malgré un coup de moins bien (oui, on fait la fine bouche), poursuit sur cette lancée en saison 3. Reste maintenant à vous de savourer cette nouvelle expérience télévisuelle qu’est « The Bear » ; vous pouvez y aller sans craindre l’indigestion.
The Spectators 