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« The Bikeriders » : Retour gagnant pour Jeff Nichols

Huit ans après son dernier film Loving, le réalisateur et scénariste Jeff Nichols est de retour avec un très, très beau film : The Bikeriders. Porté par un casting de choix où les nouvelles et anciennes générations s’entrecroisent, le film est une ode à l’Amérique, son pays fétiche qu’il filme dans tous ses coins et recoins, film après film. Heureusement pour nous, il écrit aussi bien qu’il filme rendant le tout passionnant à suivre. C’est avec beaucoup d’émotions que nous retrouvons ce cinéaste que nous aimons tant et dont chaque film a laissé son empreinte depuis ses débuts en 2007. Sortie en salles prévue le 19 juin 2024.

Synopsis : Dans les années 1960. L’ascension d’un club de motards fictif du Midwest vu à travers la vie de ses membres passant d’un lieu de rassemblement pour les marginaux locaux à un gang plus dangereux.

Copyright Universal Pictures France

Un mois après le visionnage de The Bikeriders et un mois avant sa sortie au cinéma, le film continue de nous imprégner de sa douce aura. Initialement prévu pour 2023, le nouveau long-métrage de Jeff Nichols a subi un retard conséquent suite à la grande grève d’Hollywood concernant les Writers Guild of America et The Screen Actors Guild – American Federation of Television and Radio Artists.

Grand adorateur de Terrence Malick et de John Ford, le cinéaste filme les émotions et les vastes étendues du Midwest avec une grâce folle et insuffle à son histoire une poésie pure. La photographie, parfaitement travaillée, plante le décor. Elle est réalisée par Adam Stone, directeur de la photographie sur toutes les oeuvres de Nichols depuis la première Shotgun Stories. Il donne vie à ce club de motards fictif et transcende toutes nos attentes au travers d’un récit au grand coeur, hautement maîtrisé. Nous redécouvrons avec joie l’univers des bikers sur grand écran, qui avait récemment connu son heure de gloire sur le petit écran, dans la série à succès Sons of Anarchy de Kurt Sutter.

Ici, Austin – Elvis Feyd-Rautha – Butler électrise la caméra de Nichols et devient le héros d’un western moderne. Un charme fou aux traits ravageurs qui feraient fondre même les plus coriaces. Ce visage angélique, encore poupin, mais surtout intemporel, devient en quelques films (et pas des moindres) une nouvelle sorte d’icône du cinéma. À ses côtés, l’âme du film, celle à travers qui l’histoire nous est révélée : Jodie Comer. Fantastique actrice qui avait mis tout le monde d’accord dans Le Dernier Duel de Ridley Scott. La Britannique, originaire de Liverpool, impressionne ici avec son jeu à la palette multiple et un accent fort séduisant. Dernier nom de la nouvelle génération qu’on se plait à revoir, Mike Faist, récemment vu dans Challengers de Luca Guadagnino.

Copyright Universal Pictures France

Face à ces jeunes talents, Jeff Nichols donne la part belle à des acteurs confirmés et vieillissants. Le choc des générations est au centre de The Bikeriders, notamment la question du changement et de son inévitabilité, thème cher au réalisateur. Ces personnages, communs à tous ses films, qui ne résistent pas à l’épreuve du temps, qui cherchent leur place et dont l’errance physique ou psychologique nous tord le coeur. C’est aussi pour lui, le moyen de parler de son pays, sur différentes temporalités, de ses inégalités et conditions de vie en société parfois extrêmes.

Il représente toujours à l’écran des hommes et des femmes désireux d’appartenir à une famille, un clan, une communauté. D’ailleurs, il retrouve son acolyte de toujours, lui aussi présent sur chacun de ses films, l’immense Michael Shannon. Notre long-métrage préféré reste à ce jour Take Shelter sorti en 2011. C’est aussi l’occasion pour le réalisateur de faire tourner Tom Hardy dans un rôle déchirant, tout en finesse. Norman Reedus, Boyd Holbrook et Damon Herriman complètent ce savoureux casting.

Dans toute sa filmographie, Jeff Nichols a traité de la famille, celle qu’on choisit. The Bikeriders est aussi centré sur cette envie d’appartenance et est en passe de devenir l’un de ses meilleurs films. Une ode à cette période des années 70 qui vous enchantera du début à la fin. Au cinéma le 19 juin prochain.

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