Avec ce nouveau film (passé par le festival de Cannes 2023 et gagnant d’un César du Meilleur Film Etranger), Monia Chokri délivre l’un des films les plus classes, sulfureusement hot et passionnément terrible sur l’amour, le désir, le sexe et les relations amoureuses.
« Simple comme Sylvain » : je t’aime, moi non plus !
Sophia, professeure de philosophie, à la vie confortable et au mariage stable, mais peu excitant avec Xavier, voit sa vie bouleversée lorsqu’elle croise Sylvain, un ouvrier du bâtiment que le couple engage pour rénover leur maison d’été. Une relation extra-conjugale commence alors entre Sylvain et Sophia (incarnés par un couple d’acteurs splendides, Magalie Lépine-Blondeau et Pierre-Yves Cardinal). Pour le meilleur comme le pire. Monia Chokri décortique le désir et le sexe avec un female gaze excitant au travers des yeux de son héroïne tombée en amour d’une idée, d’une révolution sentimentale… et c’est tout simplement fascinant de voir les rouages de cette histoire sexuelle, excitée par un désir inflammable, qui dérape en relation amoureuse… et clash des cultures. Avec un talent indéniable, la Québécoise nous offre avec « Simple comme Sylvain« , un contre tendre et hilarant, sexy et excitant, cruel et terrible, sur fond de chronique sociale.
L’amour entre deux êtres que tout oppose socialement est-il viable ? Tellement est la question de ce 3e film de Monia Chokri. Sophia est une intellectuelle, Sylvain un manuel. Leurs mondes s’opposent même s’ils arrivent tant bien que mal à se retrouver, à s’aimer, bien comme mal, et surtout se faire souffrir. Car si « Simple comme Sylvain » débute comme un long-métrage érotico-chaud chaud, il glisse lentement mais sûrement vers un film horrifique qui fait relativiser le couple et les sentiments.
« Simple comme Sylvain » : philosophies des amours
En plus de la relation entre Sophia et Sylvain, l’oeuvre nous explicite les théories philosophiques (que Sophia dispense lors de ses cours magistraux pour le 3e âge), passant de Platon à bell hooks, naviguant dans un océan de grandes questions existentielles : l’amour est-il indissociable du désir ? Qu’est que l’amour platonique ? Quand les opposés s’attirent, l’amour peut-il durer ?… il y a pour tout le monde et Chokri profite des personnages secondaires pour exp(l)oser certaines théories et pratiques dans des dialogues savoureux, crus et qui percutent. La plus grande force de ce « Simple comme Sylvain », c’est cet art du dialogue, de la discussion, de la verbalisation du sentiment amoureux, des angoisses, des terreurs…
Bref, il y a beaucoup beaucoup de choses fascinantes et drôles et intrigantes à digérer dans ce « Simple comme Sylvain« , grande comédie sentimentale et philosophique dans la droite lignée d’un Emmanuel Mouret. C’est un délice à savourer sans plus tarder et on ne peut qu’applaudir le choix osé et magnifique de lui offrir un César !
