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« Sleep » : Grand Prix du Festival International du Film Fantastique

L’ancien assistant-réalisateur de Bong Joon-ho en personne sur le film « Okja », le sud-coréen Jason Yu est finalement passé derrière la caméra. Avec son tout premier long-métrage « Sleep », le jeune cinéaste nous démontre un talent certain à écrire et mettre en scène. « Horror movie » mais « feel-good » quand même, comme le décrit Yu en personne que nous avons eu la chance de rencontrer (interview à lire ici), « Sleep » est une belle réussite. Au cinéma le 21 février.

Synopsis : La vie d’un jeune couple est bouleversée quand le mari devient somnambule et se transforme en quelqu’un d’autre la nuit tombée. Sa femme, submergée par la peur qu’il fasse du mal à leur nouveau-né, ne trouve alors plus le sommeil….

Copyright The Jokers Films

Nous le savions déjà, la Corée du Sud produit le meilleur du cinéma de genre et ses pionniers héritent d’une belle succession. Parmi eux, nous avons Jason Yu qui a fait ses classes auprès de Bong Joon-ho (« Parasite », « The Host », « Memories of Murder ») enfin vous le connaissez… et quel digne successeur. En un film, il nous prouve que le cinéma de genre coréen à encore de beaux jours devant lui. « Sleep » est à la fois une déclinaison intéressante du film de possession mais aussi une belle histoire d’amour qui met en lumière une société coréenne qui ne fait pas toujours front. Dans la peau de ce couple uni et soudé que la vie ou le surnaturel va séparer, nous avons le regretté Sun-kyun Lee que nous avions découvert dans « Parasite » dans le rôle du père de famille bourgeois et qui est tragiquement décédé en décembre 2023. Sa présence dans le film et son talent nous rappellent à quel point sa disparition est triste. Face à lui, la formidable Yu-mi Jeong (« Dernier Train Pour Busan ») dans ce rôle de femme forte qui va à l’encontre des clichés du cinéma d’horreur habituel. Leur alchimie, palpable, porte le film.

Copyright The Jokers Films

Vous ne verrez pas le temps passé. Jason Yu a l’art et la manière de filmer son histoire qu’il a écrit et qu’il connait sur le bout des doigts. Ce presque huis clos, à la mise en scène très théâtrale, regorge d’idées visuelles évitant une quelconque monotonie. Une fois le récit démarré, on ne l’arrête plus. En effet, le réalisateur a déniché le sujet parfait pour exploiter l’angoisse à partir d’un rien : le somnambulisme. Exit les jumpscares et autres éléments tapageurs, ici un simple mouvement de caméra, un simple bruit de ronflement suffit pour nous dresser les poils. Les amoureux du genre – nous compris – ne seront certainement pas effrayés par la proposition mais y trouveront néanmoins suffisamment de matière pour passer un très bon moment. Au-delà de l’aspect horrifique, « Sleep » traite du couple en lui-même et apporte des pistes de réflexion sur une société coréenne divisée entre science moderne très avancée et traditions ancestrales très ancrées. Le long-métrage joue constamment avec cette frontière et nous fait nous questionner sur ce que nous voyons.

Un film malin comme on les aime, « Sleep », récompensé du Grand Prix du Festival International du Film Fantastique de Gérardmer, vaut clairement le coup d’oeil. Voilà un réalisateur prometteur que nous allons suivre de très près. Au cinéma le 21 février.

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