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« La Zone d’Intérêt » : Grand Prix au Festival de Cannes 2023

Dix ans après son film expérimental « Under The Skin » avec Scarlett Johansson, le réalisateur britannique Jonathan Glazer revient avec « La Zone d’Intérêt », le film qui a bouleversé toute la croisette en mai dernier. Il concourra également dans cinq catégories à la prochaine cérémonie des Oscars, tel « Parasite » en 2020 présent en tant que Meilleur Film International et Meilleur Film. Une consécration pour son actrice Sandra Hüller, star de « Anatomie d’une Chute« , qui pourrait être au casting de deux long-métrages primés ce soir-là. Alors, qu’avons-nous pensé de « La Zone d’Intérêt » découvert en séance spéciale au Festival du Film Britannique de Dinard l’année dernière ?

Copyright BAC Films

Synopsis : Le commandant d’Auschwitz, Rudolf Höss, et sa femme Hedwig s’efforcent de construire une vie de rêve pour leur famille dans une maison avec jardin à côté du camp.

C’est avec une précision chirurgicale que Jonathan Glazer a bâti son film de bout en bout. De ce jardin d’Eden, plus vrai que nature, où chaque brin d’herbe a été méticuleusement travaillé jusqu’à la parfaite composition de ses plans, « La Zone d’Intérêt » vous laissera sans voix pour différentes raisons. Aussi glacial que son sujet, le film nous dépeint le quotidien d’une famille allemande dont le père se trouve être le commandant du camp d’Auschwitz. Ce – presque – huis clos est tiré de la véritable histoire de cette famille dont il retranscrit la vie aux portes du camp, de l’autre côté du mur. Ce mur, évidemment très significatif dans l’Histoire de la Seconde Guerre Mondiale, vient ici créer une frontière physique et psychique entre ces allemands indifférents et ce peuple juif décimé. Jamais la caméra ne va au-delà du mur et la cruauté survient de l’utilisation du hors-champ, du son très important et de la banalité des gestes du quotidien de cette famille d’officier.

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Dans la lignée de son précédent film, « La Zone d’Intérêt » expérimente et pousse ses idées à leur paroxysme au point qu’elles peuvent se retourner contre lui. Il y a des limites à filmer les petites choses de la vie avec une telle lenteur et le même sens du cadrage, la surenchère de plans fixes et de grands angles. Il est parfaitement possible et compréhensible de voir l’ennui monté progressivement en nous sans pour autant réfuter les qualités certaines et évidentes du film. Nous comprenons bien toute cette symbolisation du jardin, symbole même de la vie, de l’épanouissement qui devient ici un lieu de déshumanisation, aussi beau qu’il n’est vide de sens où la vie d’une famille vient contraster la mort de millions d’autres. Les spectateurs pourront être autant fascinés qu’il ne seront agacés par cette oeuvre dénuée d’émotions. Elle a le mérite d’interpeller sur la cruauté des hommes mais aussi sur la représentation qu’elle décide d’en faire.

Jonathan Glazer ne nous a malheureusement pas emballés avec « La Zone d’Intérêt » dont la froideur nous a laissé de marbre. Mais cela n’est-il pas le but après tout ? À méditer. Faites-vous votre propre avis dans les salles dès le 31 janvier.

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