Après un sympathique « The Star Beast », Russell T. Davies nous entraîne dans une aventure en vase clos, aux confins de l’univers, poussant son Docteur et sa Donna retrouvée dans leurs retranchements. Pour le meilleur et le pire. The Spectators décortiquent « Wild Blue Yonder ». Attention spoilers.
« Doctor Who : Wild Blue Yonder » : peur du vide !
Après un passage éclair en 1666, bousculant le monde et surtout le sexy Isaac Neweton avec la découverte de la gravité, le Tardis envoie le Docteur et Donna aux confins de l’univers. Et les y abandonne car il a senti le danger alors qu’il s’auto-répare. Bref, le Docteur et Donna sont isolés, dans un vaisseau vide, abandonné, déridant dans le vide intersidéral. Et là… surprise, Russell T. Davies nous torture l’esprit avec un épisode spécial qui secoue les fondements de son héros, des dernières saisons, de ses relations, et questionne son avenir. D’ailleurs, il y a de quoi être content de savoir que le showrunner britannique serait aux manettes des premières nouvelles saisons, celles que Ncuti Gatwa dans le rôle. Car ce qu’il fait ici que la quatorzième incarnation, celle incarnée avec brio par David Tennant, qui tient là clairement le rôle de sa vie, c’est de poser tout à plat… le Flux, les nouvelles informations sur l’origine du Docteur, les années passées depuis la régénération de Ten, la relation avec Donna, la relation avec lui-même, cette façon qu’il a de fuir, de composer avec ses compagnon.nes, de réfléchir au péril de sa vie, de combler le vide de sa vie…
Face à des aliens sans nom qui deviennent littéralement eux, jusqu’à leur moindre souvenir enfoui, le Docteur et Donna se mettent à nu comme jamais. « Wild Blue Yonder » est un épisode qui combine l’intime à l’horreur, qui joue sur les attentes, les petites phrases, les visions flippantes et bizarres (on ne verra plus jamais Tennant et Tate ainsi que le Docteur et Donna de la même façon) et les grands sentiments. Ceux qui font mal. Ceux qu’on mettra un million d’années à oublier.
Russell T. Davies digère ici toute la série, sans effort, avec talent, avec un amour fou dans une péripétie qui confine au malaise, à la violence et à la rage, le tout entre deux rigolades et deux chialades (Bernard Cribbins revient en tant que Wilf). Encore une fois, David Tennant bouillonne et délivre tous les complexes du Docteur en quelques scènes, quelques micro-expressions, en quelques phrases (oui, le Docteur est queer, oui, le Docteur a peur, oui, le Docteur ne veut pas gérer ses traumas d’enfance…). C’est tumultueux, c’est dingue, c’est bizarre et Davies n’a besoin de rien d’autre que 54 minutes pour offrir un grand épisode. Ce « Wild Blue Yonder » peut rejoindre ses épisodes complices, « Water Of Mars » ou encore « Midnight » mais il aura ceci qu’il est encapsule pleinement l’essence de la série, dans toute sa bizarrerie et son audace.
« Doctor Who » sur Disney+ : c’est déjà la fin…
« Wild Blue Yonder » est un épisode pour les whovians, ceux qui n’ont rien raté, ceux qui ont suivi la série pour le meilleur et pour le pire (toujours les épisodes de Mark Gatiss…), les nouveaux spectateurs, eux, ne comprendront pas tout, ne saisiront pas toutes les références, toutes les angoisses du Docteur et de Donna mais ils pourront se consoler avec cette aventure qui ne ressemble à aucune autre… et qui introduit la dernière, « The Giggle« . La dureté de la vie nous a frappé dans cet épisode et elle est encore plus cruelle quand on sait que le temps est compté. Il ne reste plus qu’un épisode à nos héros (pour fêter les 60 ans du Docteur) et pour introduire la suite. Ncuti est dans les starting blocks et nous autres, Whovians, nous préparons les mouchoirs.
