Le festival de Dinard bat son plein et nous nous faisons un plaisir de découvrir des productions d’outre-Manche. Cette 34ème édition réussit le pari de nous proposer des oeuvres osées, variées et inédites. Il y en a pour tous les goûts et le jury est servi. En parlant de jury… The Spectators ont eu le bonheur de rencontrer deux de ses membres : la réalisatrice britannique Destiny Ekaragha et l’actrice française Alice Isaaz. À venir bientôt…

Il est 10h30 jeudi 28 septembre. Nous ouvrons cette deuxième journée du Festival du Film Britannique avec la projection de « Silent Roar », en compétition, premier film du réalisateur et scénariste Johnny Barrington. Petit ovni (ou ofni), en provenance d’Écosse, que le réalisateur tourne suite au décès de son père. Une sorte d’odyssée sur le deuil et la foi où le jeune surfeur Dondo (Louis McCartney crève l’écran) s’est mis en tête de retrouver son père disparu en mer. Barrington filme cette mer en alternant la réalité et l’imaginaire selon Dondo qui s’y sent comme à la maison, seule façon d’être proche de son père, et qui joue un rôle si important dans l’intrigue. Aidé de sa camarade, Sas, et du pasteur du village, il va devoir faire face à ses troubles intérieurs et surmonter cette épreuve. « Silent Roar » est loin du silence cité dans le titre. Avec cette histoire de tourments au coeur de ce littoral abandonné où le spectateur, comme le protagoniste, hallucine et ressent toutes les émotions, « Silent Roar » est une expérience pas si simple à vivre. Très allégorique, parsemé d’humour qu’on ne comprend pas toujours, le long-métrage nous embarque à bord d’un voyage dont la seule issue possible est l’acceptation. On aime cette oeuvre pour ce qu’elle est, unique et maîtrisée pour un premier film, mais divisera certainement.
Le film n’a, pour l’instant, pas de sortie française.
Nous continuons avec le drame familial tourné en comédie : le très attendu « Scrapper » de Charlotte Regan qui a notamment gagné le Grand Prix du Jury au dernier Festival de Sundance. C’est le récit d’une jeune fille de 12 ans, Georgie, qui vit seule, prétendument avec son oncle, suite au décès de sa mère. Avec son ami Ali, elle survit dans ce quartier populaire en volant des vélos et en revendant leurs pièces détachées. Jusqu’au jour où son père, Jason, (Harris Dickinson, récemment vu dans « Sans Filtre » de Ruben Ostlund) qu’elle n’a jamais connu, revient vivre avec elle. Un film touchant, drôle aussi qui se concentre sur cette relation père-fille naissante et attendrissante dans les bons comme les mauvais moments. Il nous rappelle « Aftersun » le premier film de Charlotte Wells qui traitait également du même thème. Sans s’attarder sur le négatif, avec une image colorée qui s’éloigne des clichés des quartiers populaires ternes et gris, « Scrapper » dépeint les difficultés d’une famille à créer du lien dans un moment de deuil. La jeune actrice débutante, Lola Campbell, est fantastique, pleine d’entrain et nous fait aimer son personnage sans effort. Charlotte Regan a su trouver un super duo à l’écran et son film fait du bien à tous (sauf aux arachnophobes…) !
Fun fact: la directrice de la photographie Molly Manning Walker n’est autre que la réalisatrice du film dont on parle juste en-dessous… et elle a gagné un Prix prestigieux à Cannes. « Scrapper » sortira au cinéma le 29 novembre prochain. À voir !

Place à la troisième journée qui nous offre bien des surprises dont la rencontre avec deux membres du Jury au Grand Hôtel Barrière, partenaire du Festival du Film Britannique. Nous arrivons à point nommé puisque tout le jury est présent pour un photocall sur la terrasse avant de se lancer dans les différentes interviews prévues. Nous commençons par la réalisatrice britannique Destiny Ekaragha avec qui nous parlons de diversité dans le cinéma mondial actuel, un échange passionnant avec la cinéaste qui, en 2014, ne fut que la troisième femme réalisatrice noire à avoir son film distribué en Angleterre. Nous enchainons avec l’actrice française Alice Isaaz, rayonnante, avec qui nous échangeons sur ses rôles de femmes fortes qu’elle interprète et sa toute nouvelle série « 66-5 » qui vient tout juste de sortir sur Canal+. Les interviews seront à découvrir très prochainement sur notre site.
Au tour de la projection du Prix Un Certain Regard au dernier Festival de Cannes : « How To Have Sex » de la réalisatrice et scénariste Molly Manning Walker traite des agressions sexuelles dans le monde de la fête et des excès, et de cette pression constante subie par les femmes. Avec beaucoup de retenue et d’égard pour son sujet, elle ne cherche jamais à choquer mais sous-entend pour mieux se concentrer sur les émotions de ses personnages. La jeune Mia McKenna-Bruce porte le film grâce à une superbe direction d’acteur et un talent certain.
Nous avons eu le plaisir d’avoir Molly Manning Walker avec nous après la séance pour une session de questions&réponses. Le film sort dans les salles le 15 novembre et on vous en parle plus en détail dans une critique très rapidement.

Nous terminons cette avant-dernière journée de compétition avec la projection exclusive en séance spéciale du gagnant du Grand Prix au Festival de Cannes 2023 : « La Zone d’Intérêt » de Jonathan Glazer. Il s’agit d’une co-production anglaise, américaine et polonaise qui suit le commandant du camp d’Auschwitz, Rudolf Höss, et sa femme Hedwig (l’impériale Sandra Hüller dans le rôle, récemment vue dans la Palme d’Or de Justine Triet « Anatomie d’une Chute« ) qui tentent d’offrir la vie de rêve à leurs enfants dans leur maison avec vue sur le camp. Un long-métrage millimétré, glacial, parfois expérimental, qui met en valeur la technique du hors-champ pour nous conter une histoire horrible. Formellement d’une grande maîtrise, le film ne propose rien de nouveau sur un sujet vu et revu. Critique complète à venir.
Le film sort au cinéma le 31 janvier 2024.
Pour un petit rappel sur la programmation complète, c’est ICI et pour savoir ce qu’il s’est passé lors de la première journée, c’est ICI. Le résumé de la fin du festival arrive bientôt !
