« Chien de la casse » est le premier long-métrage de Jean-Baptiste Durand et c’est une plongée saisissante, mais à la très grande justesse, dans une relation masculine comme on en voit rarement. The Spectators décrypte.
« Chien de la casse » : chien fou, chien dressé
Dans les rues de Pouget, petit village du Sud de la France, Dog et Miralès traînent leur spleen. Entre soirées tardives sur la place du village et virée en voiture dans la garrigue héraultaise, les deux vingtenaires, l’un loquace, éduqué, flamboyant et l’autre, taiseux, recroquevillé dans sa condition sociale étriquée et triste, survivent. Leur amitié, complexe, dure, belle et intense évoque la relation maître/chien (aussi présente en parallèle à l’écran avec le chien Malabar et son maître Miralès), un rapport dominant/dominé. Si Miralès, flippant Raphaël Quenard, aime Dog, sacré Anthony Bajon, il le maltraite aussi. Verbalement. Il le rabaisse, l’engueule, l’humilie… mais pour son bien. Car Miralès aime Dog. Car Miralès veut que Dog réussisse, trouve sa voix/voie… mais pas trop non plus. Et tout ça, c’était sans compter sur l’arrivée d’Elsa, qui vient perturber cette relation aussi toxique que réaliste.
Avec un sens du dialogue (voire du monologue parce que Dog n’articule que peu de mots) aiguisé, Jean-Baptiste Durand signe un film splendide, brillamment incarné, qui fait mal au coeur. Il est dur de voir ces trois personnes s’entredéchirer avec une violence verbale saisissante. La scène du dîner d’anniversaire, dans un restaurant un peu chic, où Miralès s’emporte résume parfaitement la dureté du personnage et de la relation toxique qui le lie à Dog. Fascinant. Parfois, il est même difficile de supporter les atrocités, les moqueries et les humiliations.
« Chien de la casse » : coeur palpitant de la ruralité
Au travers de ces personnages qui zonent dans les rues occitanes de Pouget, « Chien de la casse » souligne, sans être un film politique ni naturaliste ni misérabiliste, le mal de la jeunesse des ruralités, la grande oubliée des politiques sociales du pays. Ici l’isolement, l’ennui, le mal-être, le manque de culture à proximité, l’absence de perspectives professionnelles et sociales… sont autant d’occasions manquées. Attention, il n’y aucun misérabilisme de la part de Durand car on peut voir que ces jeunes sont obligés de faire preuve d’audace pour s’en sortir, pour transformer leur quotidien.
Ce premier long-métrage est d’une richesse folle, par son écriture, ses thématiques, ses images et il ne faut clairement pas passer à côté. Il finit de consacrer la puissance de jeu de Raphaël Quenard et Anthony Bajon et met en lumière le talent de Jean-Baptiste Durand dont on attend déjà sa deuxième oeuvre avec impatience.
3 réponses sur « « Chien de la casse » : d’amour et d’amitié »
[…] scénariste et réalisateur a créé la surprise avec le succès de son premier film, « Chien de la Casse« , que nous aimons beaucoup. Lauréat du César du Meilleur Premier Film, et de Meilleur […]
J’aimeJ’aime
[…] Président du jury Formats Courts, Monsieur Jean-Baptiste Durand, réalisateur de l’excellent Chien De La Casse, César du Meilleur Premier Film cette année. Et si ce n’était que ça, nous aurions déjà […]
J’aimeJ’aime
[…] un rôle… vous verrez par vous-même) et Jean-Baptiste Durand (oui, oui, le réalisateur de Chien De La Casse et Président du jury Formats Courts de cette 13ème édition, que nous avons rencontré, passe […]
J’aimeJ’aime