Présenté dans la compétition “Cannes Première” du Festival de Cannes il y a quelques jours, “L’Amour Et Les Forêts” est un récit fort, porteur d’un message nécessaire sur les violences conjugales, signé Valérie Donzelli (la réalisatrice du film) et Audrey Diwan (la réalisatrice du tout aussi nécessaire “L’Évènement” qui a remporté en 2021 le Lion d’Or à la Mostra de Venise). À voir en salles dès maintenant.
Quand Blanche (Virginie Efira) croise le chemin de Grégoire (Melvil Poupaud), elle pense rencontrer celui qu’elle cherche. Leur histoire est idyllique jusqu’au jour où ils déménagent avec leurs enfants et Blanche s’éloigne de sa famille et de sa sœur jumelle (également interprétée par Efira). Au fil du temps, elle se retrouve sous l’emprise d’un homme possessif et dangereux.
Le film avait tout pour nous plaire sur le papier. Et c’est chose faite ! Quelle œuvre la réalisatrice des films “La Guerre Est Déclarée” et “Marguerite et Julien” nous livre ici. Avec beaucoup de maîtrise et d’inventivité, Valérie Donzelli met en scène une histoire cruelle et malheureusement bien trop ancrée dans notre réalité. Elle dépeint le combat d’une femme en guerre avec un mari abusif qui fait écho à notre société de manière si réelle tout en utilisant tout ce que son médium a à lui offrir. Un véritable film coup de poing qui nous agrippe et nous accompagne longtemps après la séance.
Virginie Efira et Melvil Poupaud sont tous les deux prodigieux dans l’interprétation de ce couple torturé. Elle, est phénoménale dans ce double rôle de sœurs jumelles et lui, fascinant dans l’incarnation de ce personnage complexe. Un duo qui fait des étincelles et le long-métrage installe lentement mais sûrement la descente aux enfers, le basculement dans l’horreur. Toute la mise en scène de Donzelli, en plus du scénario très bien écrit, est mise en œuvre pour créer un sentiment de malaise, de peur puis d’effroi. À coups de dialogues, d’inserts, de cadrage et de composition de l’image, le film nous retranscrit cette violence psychologique et physique que subit la protagoniste. On vit les événements et on tremble avec elle.
La réalisation, très soignée, est aux petits oignons. L’art et la manière qu’elle a de filmer ce couple, de les encadrer et de les enfermer dans cette relation toxique qui les unit, établit directement le rapport de force. Un geste inconvenant, des paroles indécentes, le silence avant la tempête, ou encore cette teinte rouge vif qui parsème le film, une fois lancé, il ne nous laisse aucun répit. Même lorsque Virginie Efira est seule, la présence de Melvil Poupaud se fait toujours sentir de par l’utilisation du son, du hors champs. Il est souvent représenté comme une silhouette sombre qui prend le dessus sur sa lumineuse partenaire de jeu. Encore une fois, ces acteurs font un travail remarquable et sont parfaitement dirigés.
“L’Amour Et Les Forêts” c’est le retour réussi de l’actrice, réalisatrice et scénariste Valérie Donzelli. Un film important à voir de toute urgence.
The Spectators 